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Décroissance Ile de France
9 juin 2020

Proposition de positionnement pour ADN sur les déchets radioactifs

 

Le collectif Arrêt du nucléaire (ADN) soutient toutes les luttes remettant en cause l'industrie atomique. Il rassemble des groupes qui agissent pour l'arrêt (immédiat ou dans les plus brefs délais) du nucléaire civil et l'abolition des armes nucléaires afin, entre autres :

– d'éviter de nouvelles catastrophes nucléaires ;
– d'arrêter la pollution quotidienne autour des installations ; – de stopper la production de déchets radioactifs.

Contrairement aux promesses initiales de l'industrie nucléaire, aucune manière satisfaisante de régler le problème des déchets radioactifs – à vie longue en particulier – n'a été trouvée depuis trois quarts de siècle.

Aucune transmutation n'est sérieusement envisageable à grande échelle en raison de limites économiques et énergétiques. La surgénération n'est qu'une fuite en avant insensée dont la France n'a même plus les moyens financiers. Les « solutions » de stockage un temps annoncées comme durablement fiables (mines de sel en Allemagne, WIPP ou entreposage à sec en conteneurs bétonnés aux USA...) n'ont pas tardé à montrer leurs inquiétantes limites et, dans un avenir prévisible, d'hypothétiques progrès scientifiques ne sauraient modifier qu'à la marge cet état de fait. Quant au stockage en subsurface sur site, pour séduisant qu'il puisse paraître en théorie, il se heurte au minimum sur le terrain à l'inadéquation géologique de la majorité des sites de centrales nucléaires.

En réalité, il faudra sans doute se préparer pour longtemps à des renouvellements de stratégies provisoires garantissant un maximum de sûreté plutôt qu'à des solutions définitives miracle. En tout cas, il est temps de prendre lucidement acte qu'aucune baguette magique ne fera plus jamais disparaître ces déchets : notre génération et les suivantes auront à surveiller cette épée de Damoclès durant des millions d'années.

Dès lors, la première des priorités est d'arrêter d'en rajouter.
La filière nucléaire étant à terme condamnée, tant au plan économique que climatique, le

plus tôt sera le mieux. Du reste, le vrai bilan des quantités et divers types de déchets à surveiller ne peut se faire qu'après arrêt.

Surtout, aucun débat sérieux et sincère sur le devenir des déchets légués par l'industrie atomique n'est envisageable sans accord préalable sur la nécessité de cesser d'en produire à bref délai. Comme l'a reconnu même la commission particulière animant le dernier débat public PNGMDR (Plan National de gestion des matières et des déchets radioactifs), tout postulat de prolongation d'exploitation des réacteurs ou refus d'envisager l'arrêt de la filière entraîne l'impossibilité de débattre puisque les modalités préférentielles de gestion des déchets (et leur définition même) dépendent des choix concernant leur production.

En matière de déchets radioactifs, toute option est source de risques et de dangers, de maladies, mutations génétiques et morts prématurées. Le débat ne relève donc pas d'une simple optimisation de décisions techniques par des ingénieurs, des scientifiques, des économistes ou autres « experts », mais bien de choix collectifs essentiels éminemment politiques quant à la répartition, équitable et consentie, et au suivi, de ces dangers.

Bien ou mal, les déchets existants sont pour l'heure entreposés : de nouvelles capacités de stockage ne serviraient qu'à permettre d'en produire d'autres massivement. Au-delà d'un renforcement de la protection des incontournables « piscines », il n'y a aucune

urgence à trancher sur d'éventuelles moins mauvaises options futures, ni à chercher des exutoires définitifs ou de long terme pour les déchets et résidus déjà présents.

En attendant que soient réunies les conditions minimales requises pour amorcer des discussions vraiment démocratiques sur une stratégie globale de gestion des déchets radioactifs (incluant les mines d’uranium, pour la plupart laissées à l’abandon, ainsi qu'un sérieux bilan historique de l'atome militaire) tout en plaçant la filière nucléaire sous le contrôle d'organismes totalement indépendants de celle-ci, qui garantissent une réelle transparence à l'égard des élus, associations, riverains, et citoyens dans leur ensemble,

le collectif ADN estime qu'il faut :

– Mettre un terme définitif à l'extraction de plutonium et d'uranium de retrai- tement en France, et cesser de l'encourager au Japon.

– Faire reclasser administrativement ce plutonium et cet uranium dits « valori- sables » dans les déchets, et, plus généralement, redéfinir les déchets nucléaires en France selon les critères utilisés à l'international par les pays ne recourant pas ou plus au « retraitement ».

– S'opposer à l'exportation/externalisation de matières et déchets radioactifs dans d'autres pays.

– Exclure tout « recyclage » ou déclassement de matériaux radioactifs (fonte de ferrailles contaminées, remblais routiers ou ferroviaires...)

– Interrompre tout démantèlement de réacteurs et autres installations nucléaires arrêtées, une fois les premières étapes administratives de mise en sécurité et mise à l'arrêt définitif réalisées.

– Laisser les déchets dans leurs entrepôts actuels, excepté dans les cas où leur transport réduirait de façon importante le risque de contamination ou d'accidents.

Ne créer dans l'immédiat aucun nouveau site de stockage de déchets.

– Privilégier pour l'heure le maintien des assemblages sous eau en piscine de refroidissement protégée et renforcer autant que possible la protection matérielle de ces piscines.

– Dénoncer toute option dont la réversibilité est illusoire ou douteuse et, plus globalement, bien faire ressortir les limites de toutes les prétendues solutions de moyen ou long terme proposées.

Alerter contre les systèmes high tech très automatisés, à l'origine de dangereux relâchements de surveillance, et privilégier la réflexion sur les options valorisant des présences compétentes et un contrôle humain effectifs sur le terrain.

La réflexion sur le devenir du legs atomique implique une solidarité entre toutes les associations et militants impliqués dans des dossiers liés à cette forme de pollution radioactive et chimique, de l'extraction du minerai au démantèlement des installations en passant par les transports de déchets. L'industrie nucléaire, elle, s'efforce de morceler les dossiers pour obtenir les autorisations par petits bouts, dépolitiser ces questions, diviser les opposants et noyer le poisson auprès de l'opinion publique, en repoussant toujours aux calendes grecques la question de l'arrêt. Il nous faut donc conserver une vision globale du problème, et rechercher des synergies sans pour autant affadir nos discours.

En tout état de cause, il importe aujourd'hui de s'opposer à tout projet, proposition, nouvelle autorisation ou prolongation d'autorisation qui ne seraient pas rigoureusement conditionnés à l'arrêt rapide et définitif de la filière nucléaire.

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Commentaires
A
Complètement d'accord !
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