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Décroissance Ile de France

Déchets : vers une civilisation duale ?

La question des déchets et en particulier des déchets nucléaires  (20 571 caractères).

La question des déchets en général et des déchets nucléaires en particulier permet de comprendre pourquoi il faut tout reconsidérer en plaçant la nature – et la vie - au centre.

Cette question se décline de deux façons :

1 – les legs de la société industrielle ont pris une telle importance, que l’idée qu’il ne peut plus y avoir d’avenir radieux s’impose de plus en plus, ce qui modifie considérablement les combats politiques de notre époque.

2 – Celui-ci nous oblige à distinguer de plus en plus clairement deux cycles « économiques » (au sens grec d’ « oekonomia », -gestion de la maison - constitué de oikos, maison, et nomos, gérer, administrer), au lieu d’un seul comme l’a toujours connu l’humanité : un cycle de gestion des déchets non recyclables (ou pour ne pas en avoir) et un cycle de l’activité économique « renouvelable » de production-distribution-consommation, et surtout une organisation parfaite de leur étanchéité, pour éviter que l’un ne vienne contaminer l’autre.

A-      Comment se présente la question des déchets en général et des déchets nucléaires en particulier ?

Les déchets en général :

Selon le Code de l’Environnement (art. L541-1), un déchet est « tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien, meuble abandonné ou que son détenteur destine à l’abandon ».

Ce qu’on abandonne donc, qui peut être utilisé ou non. Mais si autrefois, on se contentait d’abandonner, aujourd’hui on parle de plus en plus de recyclage ou bien de déchets « ultimes ».

Une histoire des déchets, et surtout une Histoire d’un point de vue des déchets reste à écrire. Mais, c’est un sujet jugé de plus en plus important dans les études historiques. En France, on voit apparaître un souci public de la gestion des déchets à partir des XVème et XVIème siècle.

Durant l'Ancien Régime, les villes vont prendre des mesures de salubrité publique. Le 29 mars 1667, Louis XIV nomme Gabriel-Nicolas de La Réynie lieutenant de police de Paris, avec pour mission de rétablir la sécurité mais aussi d'assainir la ville. Car Paris pue et la « première source de cette puanteur est la boue qui recouvre toutes les rues en couches épaisses »[1]. Il n'existe pas de système d'évacuation des eaux usées, sauf un canal à ciel ouvert datant du Moyen Age « dit le Grand Egout drainant celles d'une partie des quartiers nord ». A cette époque, Paris est couvert de 10 cm de boue et pue 15 km à la ronde. On peut dire qu’on est passé d’une accumulation de déchets sur le sol, à une accumulation de déchets dans les airs comme c’est le cas aujourd’hui avec les particules fines et le smog générés par les transports automobiles.

Avec la révolution industrielle, les égouts vont se multiplier, mais d'autres types de déchets vont apparaître. La nature est ravalée au rang de matière inerte réservée aux êtres humains, et à leur activité industrielle. Les « rebuts des sociétés modernes sont désormais des sous-produits ou des résidus de l'industrie ».[2]Ils peuvent être très dangereux ou peuvent être très longs à disparaitre. L'agriculture étant devenue une activité au service de l'industrie n'est pas en reste, et elle contribue largement à la pollution des eaux.

En 2010, la France a produit 355 millions de tonnes de déchets, soit 3 % de plus qu’en 2008. En 2010, le taux de recyclage des déchets non minéraux, non dangereux s’élève en France à 51%, tandis que 14,8 % sont valorisés sous forme d’énergie et 34,4 % sont encore stockés en décharge ou incinérés sans valorisation énergétique.

Dans le monde, les déchets ne cessent d’augmenter, même si les déchets électroniques connaissent la plus grosse croissance de tous les déchets produits, avec une augmentation annuelle de 3 à 5 %[3]. Depuis les années 1990, les émissions de gaz à effet de serre occupent le devant de la scène.

 

 

 

 

 

 

Dernière étape : l'avènement du nucléaire. Cette fois-ci nous nous trouvons devant des déchets essentiellement mortifères, impossible à recycler et de plus « incontrôlables », puisqu'ils peuvent exploser, comme lors de l'accident de Kytchim dans l'Oural en 1957-1958[4].

 

Que nous apprend donc l’histoire moderne, sinon combien la production de déchets est devenu importante, combien elle est devenu un sujet de politique. On a bien mis en place une gestion de ceux-ci, mais ils ne cessent d’augmenter en volume et en dangerosité, et surtout que ce soit avec les déchets nucléaires ou les gaz à effet de serre, ils remettent en cause la société industrielle. Il est maintenant question de réorganiser toute l’économie autour de la gestion de ces déchets, c’est l’ « économie circulaire ». Mais il ne s’agit que d’idéologie, car dans le cadre capitaliste c’est impossible comme nous allons le voir plus loin.

 

L'économie circulaire contient l'écologie industrielle. Sa première caractéristique c’est qu’elle s’exerce dans le cadre d’un territoire, c’est aussi pour cela qu’on peut parler de « relocalisation ».

Le cadre du territoire est fondamental à partir du moment où les acteurs économiques veulent réduire les coûts de transport des matières et des déchets.

 

Dans ces conditions, d’une logique de concurrence non territorialisée, l’économie circulaire invite à passer à une coopération territorialisée.

Ces mises en œuvre de l’économie circulaire restent toutefois très critiquables. Il n'est nulle part question de remise en cause de l'organisation territoriale actuelle, caractérisée par la séparation. Celle entre zones d'activités et zones d'habitat, exigeant l'usage d'automobiles fort polluantes, celle entre zones industrielles et zones de services.

Inversement, on ne se soucie pas de la disparition de la séparation entre la ville et la campagne ni du mitage de cette dernière par les lotissements, de la disparition des ceintures maraichères : et pour cause, il s'agit d'assurer la survie de l'activité industrielle qui a conquis et domine l'activité agricole, et dans cette tentative ultime de sauvetage, on a oublié de repartir du centre, c'est à dire de la terre, de l'activité agricole, etc. La nature est de nouveau considérée comme un auxiliaire d'une activité industrielle, pas comme le centre d'une nouvelle civilisation.

Autre paradoxe, on essaye de mettre en œuvre une coopération territorialisée dans un système dominé par la concurrence mondialisée. Comment peut-on concilier concurrence internationale, ouverture au monde des économies et fermeture d’un cycle économique dans un territoire donné ?

 

Mais l’économie circulaire, c'est aussi la mise en œuvre d’une coopération inter entreprise : une approche multi étapes, à partir du cycle du produit :

 

L’éco conception a pour intérêt de  partir du produit, au lieu de la conception d'une marchandise. Car partir de l'éco conception d'un produit, cela revient à le considérer dans un cycle de vie, et de tenir compte à la fois de l'amont et de l'aval de la production, comme la production des matières premières et de l’énergie et des étapes en aval à la mise sur le marché comme le transport, l’utilisation et la gestion du produit en fin de vie.

 Alors que, dans la vision classique de l'économie politique, l'acte de production est centrée autour du couple capital-travail, la démarche d'écoconception sort de la sphère fermée de la production et s'élargit par des approches services ou systémiques. Cette démarche est très bien expliquée dans le livre de  Mc Donough et Braungart[5]

Ils décrivent ainsi cinq principes devant présider la conception éco-bénéficiente :

1 - Se débarrasser des substances généralement reconnues comme dangereuses ;

2 - Suivre plutôt des préférences personnelles et fondées de matériaux ;

3 - Dresser une liste  « passive positive », où l'on range les matériaux en trois listes :

I - la liste X, les substances que l'on rejette absolument car dangereuses,

II - la liste grise des substances dites  « problématiques », mais essentielles à la production et dont on ne connait pas de substituts, par exemple, le cadmium utilisé dans la fabrication des panneaux solaires  photovoltaïques, mais « qui ne nécessitent pas de suppression aussi rapide ».

III - Enfin, la liste  « P », la liste positive définissant les matières saines et sans danger d'utilisation. Chaque ingrédient serait suivi par une sorte de   « passeport de sur-cyclage, que des scanneurs permettraient de lire, au bénéfice des générations à venir ».

4 - Activer la liste positive ;

5 - Réinventer des produits qui non seulement ne nuiraient pas, mais auraient des émissions positives pour la Nature.

 

Ainsi toute la démarche présentée ci-dessus sera adaptée à l’éco conception d’un produit, mais pourra être facilement transposée à l’éco conception de services ou systèmes.

Bien entendu, dans cette approche Les produits de l'industrie ne doivent plus être conçus pour l'obsolescence mais pour durer ou pour que chacun de ses éléments puisse être réutilisé.

 

Nos deux auteurs vont essayer de décrire un processus « qui met à la fois l'analyse chimique des éléments à utiliser, et un système social fondé sur la restitution, système allant beaucoup plus loin que la plupart des règlementations officielles en matière de recyclage. »

Et pour en arriver là, il est nécessaire « de redéfinir les « ingrédients » d'un produit ». Il existait d'ailleurs, à l'époque (en 2002) où ce livre a été publié 55 bases de données dans le monde capables d'indiquer les substituts aux matériaux qu'une entreprise utilise, ou les autres alternatives.

Exemple : pour remplacer l'amiante dans les plaquettes de frein, il faudrait mettre des plaquettes de frein en céramique.

De plus, ils critiquent le recyclage en vigueur dans nos sociétés et qui n’est en fait qu’un  « sous-cyclage », par exemple les plastiques récupérés sont mélangés et ne peuvent servir qu'à produire des produits de très basse qualité, ou bien les métaux contenant des alliages ne peuvent plus être recyclés convenablement. Au lieu de sur-cycler, c’est-à-dire de pouvoir conserver la fonction d'origine du produit dans son recyclage.

Traditionnellement, l'industrie ne se soucie pas de l'épuisement des ressources, et de la production de déchets, comme les exemples de nombreux sites contaminés par une activité industrielle qui a fermé, ont pu le montrer.

 

L'activité industrielle ou des services est dominée par un mouvement irréversible de perte. Elle est linéaire

 

 

L’impossible disparition du déchet toxique :

Comme l'a très bien expliqué Georgescu-Roegen, elle est caractérisée par l'entropie et la dispersion énergétique.

 

La proposition de sauvetage contenue dans l'économie circulaire vise à refermer le cycle de l'activité économique de telle sorte que les déchets disparaissent, ou plutôt disparaissent en tant que "nuisance". Comme nous pouvons le découvrir dans le graphique ci-dessous, les déchets existent toujours, on n'a fait que ralentir le processus de perte.

Autrement dit, on a "pollué moins pour polluer plus longtemps", ce qui est la définition de l'économie durable selon Paul Ariès.

 

L'espoir, de ne plus générer de déchets que la biosphère ne pourrait pas absorber sans danger pour la vie en général,  se heurte à la triste réalité des  100 000 produits chimiques utilisés par l'industrie (mais aussi ceux rejetés par les incinérateurs d'ordures) et dont on ne connait pas les effets sur la santé publique.[6]

 

Mais il y a pire, ce sont les déchets nucléaires, d'une durée de vie très longue, et qu'il faudra surveiller en permanence pendant des temps géologiques et non plus historiques, comme nous l'expliquerons plus loin. Or, du nucléaire il n'en est pas question dans toutes ces approches.

L'économie circulaire porte fort mal son nom. Car, le cycle de vie d'un produit, même en théorie ne peut jamais être totalement refermé à cause de la diversité des produits considérés comme indispensables dans notre culture.

 

La réflexion dans le cadre de l'économie libérale est structurée autour du prix,  la toxicité des marchandises et des déchets vient après. Il est essentiel que les déchets ne soient pas toxiques, autrement on se retrouverait devant la problématique suivante : les boues émises par le centre de retraitement des eaux usées de Paris, à Achères, utilisées comme engrais par les maraîchers se sont révélées contenir des métaux lourds, ce qui a entraîné l'interdiction de la production de légumes dans les zones d'épandage.

 

Les propositions constitutives de l'économie circulaire ne rejettent ni le capitalisme, ni la croissance (« Battez-vous pour une bonne croissance », pas seulement pour une croissance économique. »),[7] ni la mondialisation.

Peut-on imaginer des multinationales, ou d’autres types d’ entreprises dominées par le principe de concurrence se mettre à accepter des contraintes extérieures, comme de se soucier de la situation des ressources en amont de l’activité transformatrice et du destin des déchets en aval, alors qu'elles ont tout fait pour détruire la solidarité, l'intervention de tous acteurs jugés "extérieurs" à leur activité comme par exemple l'Etat ? Cette démarche d’écoconception sous-entend enfin, une volonté de remplacer la vision à court terme qui domine l'activité économique actuelle par une vision à long terme, et même à très long terme. Il s'agit donc d'une quasi "révolution copernicienne" et l'on imagine mal nos fonds de pension se mettre à "penser" différemment, surtout quand on sait que les cours de bourse sont de plus en plus dominées par la vitesse des calculs mathématiques, mis au point pour rechercher les meilleurs gains en jonglant d'une activité à une autre.

 

Les relations « conflictuelles » et « coupables »,  entre déchets nucléaires et gaz à effet de serre :

 

Les déchets nucléaires sont intimement liés à la production d’électricité, même si les activités médicales et militaires en génèrent aussi. En ce qui concerne l’électronucléaire, il existe une  confusion,  notamment  entre énergie et électricité.

 

L’électricité est produite essentiellement avec du fossile dans le monde et essentiellement avec du charbon. Le nucléaire est non seulement marginal  mais en déclin ;  sa part dans le mix énergétique mondial ne représente plus que de 2 % de la consommation finale d’énergie.

Tous les pays industrialisés importants produisent l’essentiel de leur électricité avec des centrales fossiles, charbon, lignite ou gaz. Les USA pour plus de 50 %, le Royaume-Uni 75 %, l’Allemagne 60 %, le Japon 94 %, la Chine 82 %, etc., et seule la France n’y recourt que pour moins de 7 %. Et malgré cela, elle émet encore trop de gaz à effet de serre, ce qui montre à contrario que ce n’est pas en fermant toutes les centrales fossiles qu’on a résolu le problème.

 

L’énergie, c’est d’abord le pétrole. Le pétrole c’est le sang de notre civilisation. Peu couteux à extraire, il est au cœur de l’organisation libérale et productiviste du monde, c’est lui qui permet l’utilisation des automobiles, des avions, des machines agricoles, des cargos….et de beaucoup de machines industrielles.

 

Par ailleurs, le pétrole et le charbon  sont utilisés pour produire autre chose que de l’énergie ou de l’électricité. En particulier le pétrole est  au cœur de la société de consommation : la quasi des objets qui nous entourent, sont issus du pétrole Ces distinctions sont importantes pour aider à élaborer une politique de la décroissance.

Or, même si le charbon serait devenu depuis 2002 le principal contributeur aux Gaz à effet de serre comme nous pouvons le découvrir dans le graphique ci-dessous[8]

 

Charbon

39 %

pétrole

31 %

Gaz

18 %

Total

88 %

 

lorsqu’on calcule la part de chaque ressource  dans les émissions de GES pour la production d’électricité,  pour d’autres usages  et aussi pour la production d’énergie, on peut voir que s’ouvrent des possibilités pour mener une politique de décroissance moins irréaliste que de simplement arrêter immédiatement le recours à tous les fossiles.

 

(Extrait du site : manicore.com) Moyenne mondiale des émissions par personne du seul CO2 de 1880 à 2012, en tonnes de CO2.

 

Nous constatons que la contribution du charbon et du gaz aux émissions de gaz à effet de serre serait de 8,82%+12,5% = 21,32%  hors électricité et celle du pétrole de 29,25%  hors électricité (transports, pétrochimie, etc…)[9].

 

Mais si l’on compare la contribution à l’émission des gaz à effet de serre des fossiles consacrée à produire de l’électricité elle est de 37,09%, contre 50,93% pour le reste.

La part des ressources fossiles utilisées pour produire autre chose que de l’électricité explique  bien l’essentiel des gaz à effet de serre : 50,93%

 

Et à l’intérieur de ce groupe le pétrole et son monde arrivent en tête avec 29,25 %, même si le charbon est dominant, si l’on raisonne en tant que « monde », on s’aperçoit que c’est bien le « monde » du pétrole qui domine toujours.

 

Néanmoins, on peut aussi dire que la production d'électricité est le premier émetteur de GES (37%), suivi du pétrole hors électricité (29%), suivi du charbon et du gaz hors électricité (20%) suivi des activités agricoles (érosion des sols, 12 %). Comme le charbon est utilisé à 70% dans le mix électrique mondial sa part tombe néanmoins à 25,9 % pour les émissions de GES relatives à cet usage.

 

Arrivé à ce moment de la démonstration, nous nous trouvons devant deux obligations : celle d’arrêter des déchets pouvant mettre en œuvre la survie de l’humanité (les émissions superflues –au-delà de la capacité d’absorption de la biosphère - de gaz à effet de serre, et la production nuisible - dès le premier gramme de radionucléides), et celle d’imaginer une stratégie pour le faire.

 

Rappelons qu’arrêter immédiatement le nucléaire sans recourir aux fossiles reviendrait à se contenter de sept fois moins d’électricité qu’aujourd’hui, soit environ autant que ce que les Français consommaient dans les années 50 avec 20 millions d’habitants en moins et surtout 30 % de logement chauffés à l’électricité inexistants. Le thème de ce texte n’étant pas l’arrêt immédiat du nucléaire, mais les déchets, on peut voir que la sortie de la société industrielle contenant le nucléaire et les émissions superflues de gaz à effet de serre, n’est pas une chose facile, mais demande une réflexion sur la meilleure stratégie à mettre en œuvre pour y arriver, et surtout pour convaincre, afin d’avoir le rapport de forces suffisant pour pouvoir réussir.

 

B - Les déchets nucléaires en particulier :

Les « êtres nucléaires » :

Si nous pouvons encore (mais pendant encore combien d’années ?) arrêter d’émettre plus de gaz à effet de serre que la biosphère peut en absorber, nous sommes condamnés à gérer les « êtres nucléaires »[10] c’est-à-dire tous les radionucléides disséminés par l’activité nucléaire dans le monde entier, à cause des essais des bombes atomiques et de l’activité électronucléaire.

 

Comment sont classifiés les déchets selon la règlementation française ?

 

 

On s’aperçoit que l’essentiel des déchets radioactifs sont à faible activité.

0,2 % du volume concentrent 96 % de la radioactivité

97 % du volume concentrent 0,04 % de la radioactivité

Néanmoins les déchets à haute activité atteignent un volume de 4000 m3 ! Et on n’en a pas fini avec la production électronucléaire !

B-      L’impossible gestion des déchets nucléaires :

 

Brève histoire de la gestion des déchets nucléaires :

Au départ, la gestion des déchets nucléaires n’était absolument pas un souci, on jetait tout cela en mer et on se dépêchait de l’oublier. Il a fallu attendre 1991, pour qu’on commence à s’en soucier en France avec la fameuse « loi Bataille ».

Souvenons-nous de Leprince-Ringuet qui nous promettait que les déchets nucléaires ne dépasseraient pas la taille d’un comprimé d’aspirine, puis on en est arrivé à la taille d’une piscine, et maintenant on en est à plusieurs centaines : de qui se moque-t’ont ?

En tout cas, il existe déjà de nombreuses poubelles nucléaires en France comme nous allons le découvrir plus bas.

 

L’exemple de Bure :

La future poubelle nucléaire pour les radionucléides à Haute et Moyenne Activité à Vie Longue (les plus dangereux) se trouve dans la troisième zone la plus nucléarisée de France, après le Cotentin (avec La Hague, Cherbourg, Flamanville), et la vallée du Rhône, c’est CI Géo.

 

 

Le canton de Soulaines en particulier avec deux communes AOC Champagne est déjà la plus grande concentration de poubelles nucléaires au monde.

Un centre de stockage de déchets de Faible Activité, à Vie Longue (FA-VL) est projeté sur trois communes, dont Créspy le Neuf, à côté des centres de Soulaines et Morvilliers.

 

L’ANDRA a en effet, suivi les recommandations du Haut Comité pour la Transparence et l’information sur la Sécurité nucléaire (HCTISN) : « Installez-vous donc là où les riverains ont déjà la culture des déchets nucléaires, et là où les élus ont une grande facilité d’acceptation grâce aux millions d’euros déversés, ce sera plus facile. »

 

 

Bure c’est d’abord l’apparition d’un second cycle de gestion de l’économie : le cycle de tous les dangers !

 

 

 

Les déchets à stocker sont triples :

MAVL (Moyenne Activité-Vie Longue, soit 70 000 m3 en volume non conditionnés, et 350 000 m3 en colis conditionnés.

HAVL (Haute Activité à Vie Longue), soit 10 000 m3 en volume non conditionnés, 30 000 m3 en colis conditionnés.

Enfin, sans doute des combustibles usés type HAVL soit 90 000 m3.

 

Les critiques :

-Risques durant les transports : Il faudra transporter les déchets, soit l’équivalent de 100 convois de 10 wagons par an !

-L’argile n’étant pas étanche, il y a un risque de contamination de la nappe phréatique

 

-          Risques d’incendie, d’explosion !

 

 

-          Comme synthétisé dans le graphique ci-dessus on peut aussi citer les rejets gazeux qui devront être autorisés, les risques d’explosions et d’incendies à cause des colis bitumineux et du rejet d’hydrogène.

 

Pourtant, il pourrait y avoir d’autres alternatives, mais aucune n’est sans danger et elles reviennent à créer un second cycle de gestion économique à côté du cycle économique « renouvelable » qu’il nous faudra bien un jour mettre en œuvre :

Car, la proposition des opposants c’est l’entreposage sur les sites de production, les centrales nucléaires. Néanmoins, cette solution n’est pas sans danger, car il faut attendre au moins cinq ans avant de transférer de la piscine dans des containers au sec, et ensuite surveiller durant plusieurs centaines d’années.

 

 

Mais là encore on toujours dans la « civilisation à double structures », celle de l’économie renouvelable (en espérant qu’elle pourra voir le jour sous l’aspect de la relocalisation ouverte et écologique) et celle de la gestion de l’étanchéité avec le deuxième cycle de l’économie des déchets non recyclables.

 

C-      L’avenir est marqué par l’absence de solutions simples, mais cela ne veut pas dire que nous sommes condamnés :

La question des déchets nucléaires est insoluble, la gestion du legs de la société industrielle est complexe et nous oblige à créer un monde dangereux -à part- dans le monde, et qui viendrait se rajouter à un monde à inventer où la nature serait au centre : la relocalisation c’est-à-dire tout un programme !

Cela ne veut pas dire que nous sommes condamnés, simplement de la même façon que la nature est mise au centre, la mort reprend  la place centrale qu’elle a toujours eue, mais cette fois-ci comme limite autant que comme menace.

               



[1] R. Chesnais : SDF, truands et assassins dans le Paris du Roi-Soleil. Ed. L'Esprit frappeur 1998

[2] Le temps des déchets. ACNM (Assoc. Contre le Nucléaire et son Monde").Mars 1991

[3] Les déchets et la mondialisation des déchets électroniques vers l’Asie. Aho Anthony (Youri), SSV Giger Luc, SSIE Produit Timothée, SSIE

 

[5]Cradle to  cradle. William McDonough et Michael Braungart. Ed. Manifesto 2011

[6]Stéphane Horel, La grande invasion. Enquête sur les produits qui intoxiquent notre vie quotidienne : “On compte 100 000 produits chimiques confondus sur le marché. Et seulement 1 % dont la toxicité a été testée”. Comment dans ces conditions pourront-ils définir cette liste des produits dangereux et à rejeter ? Vont-ils utiliser systématiquement le principe de précaution ?

[7]Cradle to  cradle. William McDonough et Michael Braungart. Ed. Manifesto 2011

[9]

Ressources

Part dans émission de GES

Part de chaque ressource pour faire de l'elec

Part ressourc. dans émission GES pour pion d’élec.

Part  ressources dans émissions GES hors élec.

Pétrole

>31 %

>5%

31%*5% =1,75 %

31 %-1,75 % =29,25%

Charbon

>39 %

>68%

68%*39% =26,52%

39 %-26,5 % =12,5%

Gaz

>18%

>49%

49%*18% =8,82%

18 %-8,82% =9,12%

Nucléaire

 

>100%

 

 

Renouvelable

 

 

 

 

Total

88 %

 

37,09%

50,93%

 

[10] JJ Delfour : La condition nucléaire Ed. L'échappée 2014

 

N'hésitez pas à demander le dossier complet (avec les graphiques) à JL Pasquinet : jlp38@wanadoo.fr

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