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Décroissance Ile de France
28 novembre 2018

La Décroissance et les « gilets jaunes »



Dans un célèbre journal du soir daté des 25 et 26 novembre on pouvait lire : « Les élites parlent d’effondrement et nous on parle de fin du mois », mots attribués à un Conseiller Municipal d’une petite ville de province. Par cette phrase le décor était planté, le monde serait divisé en deux, d’un côté « les élites » (apparamment il ne s’agit que de « riches » pas d’élites au sens intellectuel du terme) et de l’autre les pauvres.
Ce mouvement des gilets jaunes interpelle néanmoins de part son hétérogénéité, car on n’arrive pas à discerner si les « pauvres » habillés de jaune sont misérables comme ils le prétendent ou bien si tout simplement ils sont frustrés par la situation de consommateur pauvre dans laquelle le système les aurait mis. Difficile à comprendre ce mouvement tellement il est hétérogène. Ainsi apprenait on que parmi les interpellés   à l’issue de la manifestation du 24 novembre dans la capitale, il y en avait un riche percevant 8000 euros par mois en Suisse, et d’autres alignant les CDD ou vivant avec  950 euros par mois.
Depuis le début la décroissance s’acharne à distinguer la pauvreté de la misère. La pauvreté est un situation qui interdit de faire des écarts, d’acheter ce que les décroissants jugent « superflu », mais une situation dans laquelle on est autonome, alors que la misère est une situation qui met en péril la vie de ceux qui la subissent et en tout cas les rend très dépendant des autres pour vivoter. Autrement dit on pourrait être pauvre mais heureux, c’est à dire serein, sans angoisse, à condition d’avoir « décolonisé » son imaginaire et d’accepter qu’on n’a finalement pas besoin de télévision, de smartphone, et surtout d’automobile, mais plutôt de liens sociaux, de démocratie -directe si possible-, de connaissance, de partage.
Inversement, pour les gilets jaunes avoir une voiture serait fondamental pour survivre, car beaucoup habitent loin de leur lieu de travail et sont obligés d’utiliser une automobile pour tout simplement travailler (mais aussi emmener les enfants à la crèche, faire leurs courses, aller chez le médecin, etc.).  On passe donc à une autre échelle, autrefois le pauvre avait du mal à trouver du travail, aujourd’hui ce sont les conditions « secondaires » comme la capacité de transport pour aller travailler qui prennent le dessus, même si la difficulté de trouver du travail persiste.
Rappelons le ce mouvement est né suite à l’annonce d’ une augmentation de l’essence de 3 c. et du gazole de 6 c. en 2019. Augmentation finalement retoquée par le Sénat et qui ne sera certainement pas mise en oeuvre.
Ce n’est pas la première fois que la question du pétrole prend autant d’importance. Rappelons nous la crise des « subprime », elle fut provoquée par la hausse du cours du baril qui grimpa jusqu’à 145 $ en 2008, faisant dégringoler le prix des maisons achetées sans apport par des gens aux revenus modestes et situées dans de lointaines banlieues, alors que le niveau d’endettement lui ne baissait pas, d’où les faillites individuelles puis celle des banques…
Le cours du pétrole a provoqué des crises économiques et maintenant il provoquerait des crises sociales…sauf que là il ne s’agit pas de son cours qui après avoir grimpé s’est plutôt stabilisé (même si la main-mise des Chinois sur une bonne partie de la production aurait de quoi inquiéter les européens pour l’avenir) mais des taxes….avec derrière celles-ci l’Etat macronien de plus en plus honni.Honni à cause de son mépris pour le peuple, honni à cause des inégalités qui ne cessent de s'accroitre.


Que peut faire la décroissance ? Tout d'abord rappeler que la décroissance, c'est celle de son empreinte biosphérique, et qu'elle ne peut être réalisée sans un arrêt du productivisme et d'activités productives mettant en péril la biosphère : nucléaire, automobile, aéronautique, agriculture productiviste, etc. Elle interpelle donc d'abord le secteur de la production, mais arrêter ces activités sous-entendrait un  bouleversement social  radical et nous ne voyons pour l'instant aucune demande en ce sens dans ce mouvement, ni aucun mouvement populaire pour le mettre en oeuvre. De plus, si l'on arrête des activités il faut être en mesure de répartir le travail entre tous et lancer d'autres productions -le tout dans une société autogérée- pour satisfaire les besoins de la société et ne pas détruire la nature. Pour l'instant, la décroissance n'a pas réussi à susciter un large mouvement pour remettre en cause le productivisme, c'est pour cela que beaucoup n'ont d'autres recours que de modifier leur façon de consommer : le refus de l'automobile, du crédit, de la TV, de répondre aux sollicitations de la publicité, de la numérisation du monde, etc., bref le "petit geste" quotidien et individualiste, et la "décolonisation de son imaginaire". On en est là.

 Jean-Luc Pasquinet

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Commentaires
P
Il y a "Nous" et les "Gilets jaunes"... (?!). J'ai aussi un gilet jaune et suis fier de le porter. Il y a un mouvement de grande force. Regardons la forêt sans stigmatiser quelques arbres peut-être pourris. Regardons le fond et la forme: la forme est de façon générale axée sur l'économique: les besoins vitaux sont assez menacés et tout le monde n'a pas une appropriation parfaitement vécue entre misère et pauvreté. Le fond exprime une revendication d'émancipation vraiment étonnante et salutaire: le refus de subir un pouvoir qui rabaisse, qui infantilise, le besoin de se gouverner soi-même (sans refuser bien sûr les autorités de compétences, nécessaires). Une brèche s'est ouverte, un point de non retour semble être atteint concernant la vision d'un certain pouvoir.<br /> <br /> La véritable violence, celle qui deviendra de plus en plus insupportable et insupportée est dans ce pouvoir oligarchique actuel. Les vrais casseurs sont en costumes trois pièces dans les hautes sphères de la politique, des médias et surtout de la finance.
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P
Vous écrivez "Tout le problème c'est que, au moment où on parle de développement quantique, les gens refusent de reconnaître que cela est possible. "c'est classique car ce n'est pas quantique !
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O
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Tout le problème c'est que, au moment où on parle de développement quantique, les gens refusent de reconnaître que cela est possible.<br /> <br /> <br /> <br /> Vas t'on payer la facture énergétique des véhicules automobiles à EDF ou aux pays sous développés d 'Afrique ?<br /> <br /> Avec EDF se sera moins cher.<br /> <br /> Pour sortir du nucléaire on peut produire de l'énergie avec la physique quantique.<br /> <br /> Mais ça aussi on ne peut pas en parler.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans ce cas on fait comment pour le développement en Afrique ?<br /> <br /> On distribue des milliards d'objets de consommation quantiques gratuits.<br /> <br /> C'est beaucoup plus rapide, on réduit le risque de militarisation.<br /> <br /> <br /> <br /> Les Gilets jaune sont extrêmement endettés.<br /> <br /> L'énergie EDF, moins chère, leur permettrait d'utiliser leur voiture plus souvent.<br /> <br /> Le gouvernement propose quoi ?<br /> <br /> Dans ce cas il faut parler du développement quantique.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne participe pas au mouvement "Gilets jaunes", car ce sont presque uniquement des casseurs.<br /> <br /> On peut manifester tous les vveek end sans être casseur.<br /> <br /> Le seul problème avec Mai 68 c'est la casse.
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P
Vous avez tout à fait raison de signaler le fait que les "gilets jaunes" ne sont pas des misérables, des "crève-la- faim". Le mouvement des "gilets jaunes" n'est pas une 'jacquerie" des temps modernes. Cependant, quand vous écrivez"...beaucoup habiteraient loin de leur lieu de travail et seraient obligés d’utiliser une automobile pour tout simplement travailler.", on se demande pourquoi vous utilisez un conditionnel,qui jette une certaine suspicion sur qui sont les "gilets jaunes, alors qu'il s'agit là d'une réalité sociologique, à ma connaissance, pas contestée. Mouvement sociologiquement assez homogène et géographiquement dispersé, les "gilets jaunes" sont des gens modestes, ils ont un emploi ou un travail, une voiture "utilitaire", souvent nécessaire à cause de leurs situation géographique, de l'état des transports en communs, et à cause de la distance à leurs lieux de travail. Mouvement politiquement homogène et fragile, si on entend par là le fait que leurs intervenants expriment tous et toutes un "ras-le-bol" devant le fait qu'ils ne voient pas les retombées de toutes les taxes et impôts qu'ils paient, prenant la lutte contre la taxation sur le prix de l'essence comme emblème. C'est à tort qu'on parle d'une colère contre l'impôt, mais c'est bien, par contre une, colère contre l'impôt mal utilisé. Bien entendu, comme dans n'importe quel mouvement de ce type, il y a toujours des singularités, souvent montées en épingle par les médias, et je suis donc un peu surpris de voir mentionner le "gilet jaune à"le riche à 8000 euros par mois".Je ne remet pas en cause la vérité du fait, mais je me demande quelle est sa pertinence quant à la nature du mouvement? Des nobles ont bien participé à la Revolution française sans que cela la discrédite pour autant et F Engels était un industriel. <br /> <br /> Mouvement difficile à comprendre ? En effet, et surtout peut-être parce que nous ne savons plus comment comprendre des mouvements politiques qui ne sont pas encadrés par des partis politiques ou des syndicats. Non seulement nous ne savons plus faire de politique sans ces 'professionnels"de la politique mais, plus grave encore, la politique est devenue uniquement la politique faite par ces "professionnels" . Les "gilets jaunes" sont une manifestation de gens modestes, qui ont le sentiment que ceux et celles qui les gouvernent ont absolument aucune idées de leur vie quotidienne avec des fins de mois difficile à "boucler", de ce que cela signifié de vivre à "crédit". Cette situation est sans doute pas nouvelle- rappelez-vous le prix du ticket de métro donné par Giscard d'Estaing en 1974- mais elle est particulièrement visible avec ce gouvernement qui affiche ostensiblement son arrogance, son ignorance et qui multiplie les "bourdes'. Ces gens modestes ne se poseront, sans doute jamais, la question de savoir à quoi peut bien ressembler un repas à 200 euros dont a parlé un ministre qui, affirmant ce prix semblait excuser les 'gilets jaunes". Non, monsieur le ministre, les 'gilets jaunes "ne rêvent pas à ça!<br /> <br /> Bien sûr les demandes des 'gilets jaunes' et les manières de faire sont teintées de "poujadisme", de corporatisme, ... mais dans ce cas, ce sont les points de vue qu'il faut combattre. pas les demandes légitimes. D'ailleurs, par les temps qui courent, il ne manque pas de bonnes questions qui partent d'un mauvais points de vue, et qui reçoivent de mauvaises réponses!<br /> <br /> <br /> <br /> À la situation idéologico-économique des 'gilets jaunes" vous répondez "Autrement dit on pourrait être pauvre mais heureux, c’est à dire serein, sans angoisse, à condition d’avoir « décolonisé » son imaginaire et d’accepter qu’on n’a finalement pas besoin de télévision, de smartphone, et surtout d’automobile, mais plutôt de liens sociaux, de démocratie, de connaissance, de partage." et j'aurais envie de vous répondre, comme on le dit souvent au Québec: Les liens sociaux, la démocratie, la connaissance,le partage... ça mangent quoi l'hiver ? Signifiant par là, comment on vit avec ça?<br /> <br /> Quant à la "décolonisation" de l'imaginaire dont il est question, est-ce une nouvelle version du slogan de P Rabhi :"Pour changer le monde, changez-vous vous même!" ?<br /> <br /> À la fin de votre texte vous ajoutez :"Que peut faire la décroissance ? Nous maintenons notre opposition à l’automobile, notre combat pour de meilleurs moyens de transport collectifs, le rapprochement des lieux de travail du domicile, notre croyance que l’effondrement a bien commencé…." Ce sont là des souhaits, voire des voeux pieux qu'il est difficile de na pas partager, mais je ne sais pas si votre "..croyance que l’effondrement a bien commencé…" est d'un quelconque secours!<br /> <br /> Les 'gilets jaunes" ont des demandes principalement économiques, mais par sa forme c'est un mouvement politique au sens élémentaire de ce mot, et ce mouvement demanderait des réponses politiques collectives, impossibles à donner dans l'état actuel des forces de "gauche" . Aussi à défaut de convergence avec d'autres mouvements, il est probable que ce mouvement s'éteigne de lui même. Gageons cependant que, quoi qu'il arrive, le mouvement des 'gilets jaunes" nous aura remis en tête que la bonne question n'est pas "Comment un tel mouvement est-il possible ?" mais ' Comment se fait-il que de tels mouvements ne sont pas plus fréquents ?".<br /> <br /> <br /> <br /> Pierre Leyraud-Montréal
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