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Vers midi : Prélude et prise de contacts. Deux banderoles déployées devant le Palais :

- l'une : "Liberté d'expression, on ne nous fera pas taire, le nucléaire tue"

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- et l'autre déployée par Chantal pour la FAN et la CANO : "Etat + Areva = Mafia".

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Après une longue patience, nos amis sont entendus :


La Présidente                                                                                             L'assesseur

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Jean Revest, de dos, est entendu                                                               , de profil :

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-- La liberté surveillée des blogueurs :

Jean Revest (quel que soit son état civil pour la police) est accusé d'avoir écrit un article qui nommait Areva : " Le géant de la mort nucléaire".

Jean-Jacques Mu, blogueur sur Médiapart est accusé d'avoir repris l'article et l'appellation infamante : en fait, dès qu'il a pris connaissance de la plainte, il a retiré les expressions incriminées mais il a laissé le lien vers l'original, toujours visible sur le site de la CAN-SE.
NB : il semble bien que la jurisprudence exclue les liens hypertexte de la responsabilité des blogueurs. On peut faire une citation pour alimenter la réflexion, sans être accusé d'y adhérer point par point. Bon à savoir.

-- D'impossible à possible :

Revenons au titre de ce texte , allusion à la pièce de la Compagnie Brut de Béton : « l'Impossible Procès »  (L'impossible procès) qu'est-ce qui a rendu POSSIBLE ce qui se déroule sous nos yeux ??

Il était jusqu'ici impensable que la justice convoque le lobby, pieuvre aux bras trop longs - la pièce l'imagine dans un contexte de post-catastrophe - mais Areva – par inconscience ou arrogance sans limite - ose prendre les devants : c'est le coupable qui se retourne contre ses victimes non consentantes ! D'autant plus étrange que l'article incriminé ne vise pas directement le géant intouchable, mais les élus d'EELV qui ont trahi leurs électeurs en allant faire leurs besoins juste au moment où les conseillers UMP et socialistes d'Avignon acceptaient l'offre de mécénat d'Areva. Si on ne peut pas interroger des élus sur leur mandat, où va-t-on ? Voilà Areva prise au piège de sa défense d'un honneur depuis longtemps perdu.

-- L'honneur des militants :

JJ Mu n'a pas de problème d'honneur : il déroule avec simplicité son parcours courageux, de jeune apprenti à éditeur engagé. Sur le site de la Can-SE, une amie de Jean regrette que ce dernier n'en ait pas fait autant. Jean, accusé d'être l'auteur de l'article original, soutient que sa rédaction est collective et de ce fait la responsabilité de sa publication l'est également. Cela sans se défiler : il y a des articles personnels, donc signés, et des articles collectifs, dont le groupe assume collectivement la paternité. Cette position est belle, forte et légitime.
Toujours est-il qu'à ce stade, JJ Mu est passé d'accusé à ACCUSATEUR. Et il marque des points : Areva géant de la mort nucléaire ? Mais bien sûr ! Il arrive souvent que des magistrats, devant une conduite à risques, par exemple un excès de vitesse, recourent au concept de conduite "criminogène". La conduite d'Areva EST criminogène. Si le langage est fougueux, c'est que la radioactivité a été multipliée par 2 : l'intelligence collective doit s'opposer à ces coups répétés contre la vie..

-- Hommage à la culture :

JJ Mu cite comme témoin Bruno Boussagol, le metteur en scène et acteur de « L'Impossible Procès »Là encore, joli basculement d'« impossible » à « possible ». Celui qui, au théâtre, incarnait l'arrogance inébranlable du lobby, prêt à défier Dieu, dénonce ici les « violences d'État » contre lesquelles il n'y a pas d'autres recours que l'indignation. Un des comédiens de la troupe ( J-Louis Debard) a prêté sa plume au texte édité par J-J Mu aux éditions ABC. Areva n'avait alors rien trouvé à redire, peut-être considérait-elle que la culture c'est un truc, juste bon pour les marginaux. Et elle n'a pas tout à fait tort !
Auparavant, Bruno, en précurseur, avait mis en scène la Supplication de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de Littérature en 2014. La Présidente rend hommage à sa clairvoyance d' « homme de culture». Oui : la force poétique, c'est notre arme ! La plus efficace qui soit !

Bruno, de dos, témoigne :

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-- L"éthique" d'Areva :

Bruno avait campé un portrait transposé, effrayant et ressemblant de l'outrecuidant lobby. Ici le dit lobby a pensé jouer finement en se faisant représenter par une jeune avocate à la crinière électrique, à l'allure non conformiste. Le lobby malfaiteur se pose en mécène bienfaiteur, défendant son honneur et, par la même occasion, l'honneur de ceux qui se sont laissés séduire, avec pour résultat escompté de diviser un peu plus la difficile lutte antinucléaire. L'avocate affirme sans vergogne qu'Areva est ouverte à la critique puisqu'elle organise conférences et débats. La responsabilité de tuer et de contaminer ? - "c'est un parfait mensonge". Le MOX n'a RIEN d’Illégal et ce n'est pas le MOX qui est responsable de l'explosion de Fukushima. Areva a rédigé un CODE ÉTHIQUE, comprenant les BONNES PRATIQUES auxquelles elle soumet ses partenaires. Le menteur appelle "mensonge" le dévoilement de ses turpitudes, l'escroc dissimule  ses contaminations en appelant ses victimes à l'éthique et à la « responsabilité » ! Les inculpés voudraient faire le procès du nucléaire "mais ce n'est pas le lieu". Ah bon ? Où est donc ce lieu où Areva répondra enfin de ses aberrations ?

Un lion au plafond :

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L'avocate d'Areva :

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La procureure :

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-- Madame la Procureure :

La dame qui se dresse à la gauche de la Présidente, commence sur un registre très bureaucratique, enfonçant ce qui m’apparaît comme des portes ouvertes mais, par un glissement imperceptible, les évidences se nuancent.
A un moment, il n'y a plus de doute possible, je dois en croire mes oreilles : "cet article éveille les consciences sur des risques aux conséquences dramatiques." La dame a été sensible à l'argument "excès de vitesse" de JJ Mu : Areva participe au développement du nucléaire en France et dans le monde, Areva a conscience de la dangerosité du Mox, elle n'a pas l'intention de tuer mais sa participation au développement du nucléaire EST CRIMINOGÈNE. Tous les maillons sont solidaires : chaque maillon est responsable de TOUTE la CHAÎNE. Ne pas avoir d'intention criminelle n'est pas une excuse suffisante". Exit donc la présomption d'innocence d'Areva.
18h passées, je pars : ai-je raté d'autres coups de théâtre ?

jugement mis en délibéré au 11 octobre.

Le10 octobre à 9h, un autre procès deviendra possible au Tribunal de Grande Instance. ASN, EDF et AREVA sont accusés par l'Observatoire du nucléaire de faux et de mise en danger.

Le lobby dont l’État Français est partie prenante, s'est doté d'une instance, l'ASN, garante du bon fonctionnement de la chaîne. Or cette « justice » interne a déjà fait la preuve de sa complicité. La concentration anormale de carbone dans l'acier était connue depuis longtemps et couverte par de faux certificats mais l'ASN ne l'a reconnue que récemment. Contre toute prudence, c'est pourtant son avis qui permettrait la mise en service de la cuve de l'EPR reconnue défectueuse.

Les antinucléaires et en particulier le collectif ADN ( Arrêt du nucléaire) en appellent à une plus haute justice.

Le 21 septembre 2017 par Françoise/Francesca Chanial