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Décroissance Ile de France
20 octobre 2022

Terre et liberté, Aurélien Berlan

Ce livre excellent fera date. Il contribue à approfondir le débat sur l'autonomie. L’autonomie, comme réponse au contre-sens de la « technologie libératrice »


Qu’est-ce que la liberté ? C’est la sortie de la domination. La technologie n’est pas libératrice, car elle crée une dépendance à la société industrielle. La Technique permet de dépasser des limites de la nécessité ou délivrance, mais elle entraîne l'hétéronomie.

Il existe par conséquent deux définition de la liberté :


I - La liberté comme délivrance :
Cette liberté défendue aussi par Karl Marx notamment, consiste en la diminution du temps de travail. Par rapport à celui-ci il n’y a que l’esclavage ou la technique pour s’en délivrer. Mais la technique nécessite des ressources épuisables et génère des déchets. Ces ressources à leur tour obligent à utiliser de l’énergie et de recourir à l’extractivisme.
La liberté devient un horizon, une simple négation des tâches matérielles alors qu’elle est l’abolition des relations de soumission.
Il faut distinguer la Technique de la technologie. La Technique c’est ce qui soulage nos peines et nos efforts, alors que la technologie consiste en des outils non réparables, ce qu’Illich appelait le « monopole radical » censé nous délivrer de tous nos efforts.


II - La liberté comme autonomie :
C’est la vision défendue par le populaire. Il s’agit de la lutte pour l’accès aux ressources utilisées non pas pour la délivrance mais pour se donner ses propres lois et d’abord être autonome en subvenant à nos propres besoins comme condition pour se donner ses propres lois (Cornélius Castoriadis).
-l’autonomie sous entend une certaine forme d’interdépendance locale humaine à petite échelle.
-Il ne s’agit pas d’une stratégie, mais de la libération d’une vision du monde, d’un nouvel imaginaire.


Les luttes s’appuient sur trois piliers :
a) Lutte sur le plan des idées (vision/textes)
b) Création ineractive (entraide, aliment…)
c) Conflictualité dans le domaine public et si nécessaire en recourrant à la violence.

Résumé repris de la présentation faite par Aurélien Berlan aux rencontres de Technologos

JL Pasquinet

Dec Idf

Technologos

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Commentaires
J
Je voulais écrire "avant l'appropriation privée" des terres en ce qui concerne la conquète coloniale britannique (européenne) en Amérique.
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J
Bonjour,<br /> <br /> Merci de votre commentaire. <br /> <br /> Tout d'abord il n'a pas été fait par JFP, mais par JLP, cad Jean-Luc Pasquinet.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai écrit qu'il était excellent car il présente mieux que d'autres la notion d'AUTONOMIE qui est discutée de plus en plus, et je pense qu'il fera date.<br /> <br /> IL existe un autre livre dans la même veine, c'est celui de notre ami Bertrand Louart REAPPROPRIATION que je n'ai pas encore lu.<br /> <br /> En ce qui concerne vos critiques, fort pertinentes, j'ai eu connaissance des thèses de Paine qui critiquait le processus d’appropriation de la terre qui a dépossédé une part de l’humanité de ce qui était originellement une propriété commune. Il propose de dédommager en instituant une allocation universelle et inconditionnelle qui permettra d’éradiquer la pauvreté.<br /> <br /> "Cette réflexion et les propositions qu’il développe dans La justice agraire (Paine, 1797) s’inscrivent au cœur des luttes politiques de la Révolution française, et plus largement du xviiie siècle, au cours desquelles s’affrontent différentes conceptions de la propriété, en particulier celle de la terre dont dépend la subsistance et qui est pour cette raison un levier essentiel de la domination. Face aux héritiers des physiocrates – comme Condorcet et le courant girondin – selon lesquels il faut abandonner toute régulation au marché et favoriser la liberté illimitée des propriétaires, le mouvement populaire et ceux qui soutiennent ses revendications – la Montagne – mettent en avant le droit naturel à l’existence et attribuent au politique, c’est-à-dire au peuple souverain, le contrôle des moyens d’exister" (https://journals.openedition.org/traces/7060). Autrement dit il s'agit bien de deux conceptions de la liberté, d'un côté celle du marché où c'est la satisfaction des vices individuels qui doit permettre à la société de mieux se porter (voir "baise ton prochain" de DRDufour), et une autre au contraire où l'on veut arrêter de "baiser son prochain" et pour cela on met en avant l'autonomie.<br /> <br /> Et oui, c'était mieux avant le coup d'Etat de 1917 en Russie comme le montre Soljenitsyne dans l'archipel du Goulag et oui c'était mieux pour les Amérindiens avant l'arrivée de britanniques qui les ont exterminés au nom de l'appropriation collective des terres. La modernité a aboli toutes valeurs. Car ne l'oublions jamais que ce soit les USA ou le Canada il s'agit de "colonies qui ont réussi" dans le sens où bien qu'ayant REMPLACE et exterminé les peuples autochtones (et annulé les communs) et bien ces pays sont reconnus par les autres Etats et même ils attirent des gens qui se plaignaient (à juste titre) du colonialisme comme les Algériens par exemple...c'est la modernité...
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P
Je n'ai pas assisté à la présentation dont il est question et, donc, ce commentaire ne concerne pas directement le résumé de JFP, mais la lecture attentive que j'ai faite du livre Terre et Liberté.<br /> <br /> <br /> <br /> Tout d'abord, même si je ne sais pas si ce livre fera date, il faut souligner sa parution car il met de l'avant l'émancipation des peuples et il conditionne cette émancipation à la solidarité entre la cause de la Terre et de la liberté. Ce n'est pas souvent qu'on voit, actuellement, cette perspective fondamentale mise de l'avant.<br /> <br /> Mais de quelle liberté est-il question ?Le résumé de JFP présente bien les deux conceptions de la liberté que A Berlan oppose, mais pour un livre de philosophie politique, il est surprenant que rien ne soit dit sur le sens et la condition politiques de la liberté. Surtout que, comme le montre de manière convaincante Mme C Colliot-Thélène dans son livre "Le commun de la liberté", la liberté au sens politique (citoyen actif/passif....) a toujours , historiquement, été liée au droit de propriété, donc...à la Terre. <br /> <br /> <br /> <br /> Le livre d'A Berlan est un livre de philosophie politique puisque, dans le "règne de la nécessité " il inclut, outre les tâches matérielles, les "nécessités" politiques liées à la vie politique. À cet effet on peut lire :"À défaut d’avoir apporté, enfin, la liberté à toutes et à tous, la modernité occidentale a en fait diffusé une conception désastreuse de l’émancipation dans laquelle l’exonération des tâches liées à la subsistance, qui a toujours caractérisé les classes dominantes, a fini par éclipser l’objectif originel d’abolir les rapports de domination sociale.". Si la liberté/délivrance a bien eu et a toujours l'effet pervers dont il est fait mention envers la lutte contre la domination sociale, on peut se demander de quoi il est question lorsque l'auteur écrit :"a fini par éclipser l'objectif originel d'abolir les rapports de domination sociale "? À quel passé terrestre renvoie cet "objectif originel " ? Serait-ce un objectif originel lié au simple fait d'être, originellement, des "êtres vivants sur Terre ."?Ou, doit on lire la réponse à cette question dans cette autre passage de "Terre et liberté":<br /> <br /> À l’image absurde de la conquête spatiale comme libération, il est temps d’opposer une conception de la liberté qui ne cherche pas à dépasser nos conditions de vie sur terre, mais à être compatibles avec elles. C’est-à-dire de nous émanciper du fantasme de délivrance, pour réconcilier terre et liberté. Et à cette fin, nul besoin d’innover, mais de renouer avec la tradition cachée contre laquelle le fantasme de délivrance s’est imposé : la quête d’autonomie telle qu’elle a été portée par les subalternes qui ont su mépriser les modèles de vie aliénants des classes dominantes. »<br /> <br /> En effet, on est en droit de penser que pour A Berlan il y a eut une époque où Terre et liberté était en harmonie puisqu'il faut maintenant les réconcilier. C'était sans doute l'époque ou la liberté ne s'opposait pas à l'objectif originel de l'émancipation. Comment "retrouver cette époque "? "Nul besoin d'innover," mais "il faut renouer avec la tradition cachée..."et ne pas chercher "à dépasser nos conditions de vie sur terre, mais à être compatibles avec elles." <br /> <br /> En fait notre salut politique ne serait pas devant nous mais il serait, en quelque sorte, déjà là, derrière nous, caché. Outre le fait que nos conditions de vie sur terre sont toujours forcément compatibles avec elles puisque nous vivons...sur terre, A Berlan semble ne pas tenir compte qu'une tradition vit que si des on y adhère et qu'une tradition cachée ou inconnue n'est plus une tradition. Enfin A Berlan fait référence à" la quête d’autonomie telle qu’elle a été portée par les subalternes qui ont su mépriser les modèles de vie aliénants des classes dominantes. »et il faudrait qu'il précise sa pensée.Si, à travers l'histoire, une certaine quête d'autonomie est repérable dans les multiples mouvements de résistance contre la domination sociale, cela n'en fait pas pour autant une tradition et encore moins une tradition cachée.De plus toute tradition est ancrée dans le passé et ce dont nous avons besoin, comme type de projet politique, doit être ancré dans le présent et projeté dans l'avenir. Je ne pense vraiment pas que le "rousseauisme" dont sont teintées les quelques indices fournies par A Berlan aillent dans cette perspective. En philosophie politique, les bonnes intentions et les positions morales ne peuvent tenir lieu d'arguments.<br /> <br /> <br /> <br /> Pierre Leyraud
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