J'ai lu le livre de M Sandel : "ce que l'argent ne saurait acheter"

Au début il y avait le don (Mauss, Marshal-salins). L'idée était de donner plus que ce qu'on aurait du pour créer une dépendance, car il existait l'obligation de rendre. L'objectif étant pour les peuples dit "primitifs" de maintenir un lien social puissant afin d'éviter la guerre et la constitution d'un Etat fort. L'Etat a le monopole de la violence alors que celle ci était dispersée au sein de la société. Puis avec la révolution industrielle, l'idée que c'est en défendant ses intérêts propres que la société se portera mieux (A Smith) est devenue dominante dans l'imaginaire collectif. Sandel nous montre comment d'une société avec marchés on est passé à une société-marché où tout peut être acheté. Au départ l'offre et la demande étaient régulés par les prix, puis est apparu l'économie comportementaliste (Gary Becker : "Economist Approach to Human Behavior", 1976 : "dans tous les domaines de l'existence, il suffirait pour expliquer un comportement humain de supposer que les individus concernés décident d'agir de telle ou telle façon plutôt que telle autre en pesant les coûts et les bénifices des diverses options possibles, puis en choisissant celle qui parait susceptible de leur procurer le plus grand bien-être ou de leur être de la plus grande utilité" Sandel, p. 96) où on a essayé de réguler les comportements avec l'argent : payer les enfants pour qu'ils aient de bonnes notes, payer qq pour qu'il fasse la queue à votre place, payer qq pour procréer à votre place, payer pour avoir le droit de polluer, payer pour avoir le droit de tuer un des derniers rhinocéros blancs encore en vie, payer pour émettre du carbone, etc ...bref d'une société avec des marchés on est passé à une société-marché où tout peut s'acheter, mettant en péril la moral, entrainant la corruption ou bien altérant la marchandise elle-même, alors que la loi du marché prétant que le produit serait neutre dans tous les cas.....Sandel ne remet pas en cause le capitalisme, mais il en analyse très bien ses dérives.

Débat : attention à ne pas confondre le crédit social à la chinoise qui vise à controler les comportements en particulier grâce à la numérisation avec à l'économie comportementaliste qui s'appuie sur l'argent uniquement et a pour conséquence de produire une société-marché.