Nouvelles en lien avec la décroissance 1) Tuyauteries

Chers amis de la Décroissance et de l'antinucléaire (je titille un peu
peut-être là !), j'ai eu récemment une histoire de plomberie. Oh une
broutille, jugez-en : une légère fuite de mon petit lavabo de salle de
bain. Petit goutte-à-goutte qui heureusement s'écoulait dans ma douche.

Oui, micro goutte et micro salle-de-bain. Nous sommes à Paris. Mais
micro goutte, macro travaux ?

Armé de mon passif géologique familial, archéologique professionnel et
surtout de mon vécu parisien ainsi que francilien, je jugeai fort à
propos d'apprécier les dépôts de calcite sur mon lavabo.

À n'en pas douter dame Nature était coupable. Ou dit autrement, enrobé
du scientisme qui caractérise nos sociétés : maudite dureté de l'eau !
... que n'habitais-je au-dessus d'un bassin sédimentaire ?

La fuite se situait en dessous, au niveau de l'évacuation. Je m'avisai
rapidement qu'armé d'un peu de perspicacité et de quelques outils dont
je disposais, il me serait possible d'exposer le coupable.

Une fois isolé le joint entartré, je pourrai, grâce à la chimie, le
nettoyer de sa gangue calcaire. Esprit du vinaigre blanc, entend ma
prière !

Le matériel de ma salle de bain, choisi il y a un peu plus de dix ans
pour sa qualité, est italien ou français. Il avait coûté. Toutefois, je
pouvais être confiant quant à sa démontabilité ; pardonnez-moi sa
non-obsolescence programmée.

Ainsi fut fait.

[photographies ci-dessous]

Un dimanche complet d'un week-end bien studieux n'a pas été de trop
pour arriver au bout du démontage de ce qu'il faut bien appeler
l'exutoire de mon petit lavabo. Car, oui ! Cessons de le nier, il n'y a
ici plus simple évacuation, halte au quidam qui refuserait encore de
penser à la systémique des choses : nous sommes en face d'un véritable
complexe technique d'écoulement des eaux :

Plus de vingt pièces ! Oui, pas moins de deux dizaines de pièces d'une
technicité certaine pour conduire l'eau de mon petit lavabo au tuyau
d'évacuation.

Chacune de ces pièces façonnées par des ateliers, des usines, un
système technique dont le savoir-faire m'est totalement inconnu. De
surcroît, dans plus d'une dizaine de matériaux dont il m'est difficile
pour certains d'identifier la nature !

Et maintenant imaginez. Oui, imaginez une tuyauterie francilienne,
presque parisienne, d'une taille éléphantesque, conduisant une eau,
certes dure, mais de surcroît souillée, à très haute température et
sous des pressions hors de tout commun. Depuis quarante ans.

Oui, imaginez la centrale atomique de Nogent-sur-Seine. Construite en
1981. En fonctionnement. Depuis 1988.

"Cujus regio ejus religio : Telle la religion du prince, telle celle du
pays."

Quant à moi, certes mon lavabo ne présente plus cette petite goutte
bien inopportune, mais que n'habitais-je au-dessus d'un bassin
sédimentaire !

Antoine Bourrouilh