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Décroissance Ile de France
28 mars 2020

qu'est-ce qu'une société qui ne croit plus qu'à sa survie ?

J'ai lu aujourd'hui un article de Giorgio Agamben, il correspond un peu à nos interrogations sur le monde d'après, en ce qui concerne le "désirable". Agamben se demande fort justement : "qu'est-ce qu'une société qui ne croit plus qu'à sa survie ?" Et c'est une bonne question à laquelle je vais m'efforcer de répondre.

Je rappelle d'abord que le confinement est une gestion politique de la survie, c'est souvent cité comme un exemple de ce que Michel Foucault appelait le "biopouvoir", l'Etat intervient activement – non plus seulement pour « faire mourir ou laisser vivre », mais à l’inverse pour  « faire » vivre et « laisser » mourir, en l’occurence en décrétant l'Etat d'urgence, en suspendant certaines libertés.
Autrement dit, l'Etat n'est plus seulement un appareil répressif, mais il fait aussi dans le "soin", il se soucie de la survie de ses sujets.
La crainte c'est que dans une société du risque dans laquelle nous sommes entrés, l'Etat d'urgence ne devienne permanent. Déjà la France a sa Constitution monarchique, le "coup d'Etat permanent"....Mais voilà le paradoxe,  c'est justement cette Constitution qui a permis l'essor des Trentes Glorieuses, de tout ce qui a amené des risques : les pesticides, la radioactivité, les automobiles et leur monde,... notamment. Au début, la chose s'est faite au nom du Progrès, de l'avenir radieux, mais le temps passant la destruction de la biosphère et de la société progressant ce fut fini de l'avenir radieux, de l'espoir de lendemains qui chantent. On a bien vu surgir l'illusion que le bonheur était là, dans la consommation, puis le temps des risques et de la nécessité de leur gestion s’ est imposé, mettant entre parenthèses, mais n'annulant pas le productivisme.


Et à chaque fois on risque....(c'est le cas de le dire) d'être ramené à la gestion de la survie. Bref, la parenthèse de la consommation et de la mobilité (le productivisme finalement), va de plus en plus souvent se refermer pour laisser place à la gestion de la survie, et pour cela au recours à l'Etat d'urgence.


J'ai pourtant envie de distinguer deux types de survies, et c'est ainsi que je vais revenir au sujet, à notre sujet du "désirable". J'aimerais distinguer la survie par rapport aux risques crées par l'Etat d'urgence permanent, de la survie par rapport à la satisfaction de nos besoins de base, nos besoins revus et corrigés dans la culture relocalisée et ouverte que j'appelle.
Dans le premier cas, il faut se protéger contre ce que l'on produit chaque jour sous la férule de l'Etat technicien, celui qui est prêt à décréter en permanence l'Etat d'urgence.


Dans le second cas il s'agit juste d'assurer notre survie le plus dignement possible, dans le cadre de bio-régions avec si possible une Constitution confédérale, donnant un maximum de pouvoirs aux bio-régions, et si possible la démocratie directe. Cette situation sous-entend, et c'est cela qui est le plus important dans ma démonstration, elle sous-entend donc, l'arrêt de tout ce qui provoque les risques de la société industrielle : le nucléaire, les pesticides, la concentration démographique humaine et d'animaux domestiques, le tout bagnole, etc....La question que l'on doit se poser alors, c'est de savoir si l'on peut avoir une société totalement exempte de risques. L'histoire nous a montré que là où était l'homme était la contagion. Et Camus nous a mis en garde dans "La Peste" : elle peut revenir en permanence "sans que le coeur des hommes en soit changé".


Et donc pour répondre à la question d'Agemben, l'idée ce serait de créer une société qui ne croit pas qu'à sa survie, ce qui sera de plus en plus le cas dans la culture industrielle et de l'Etat d'urgence permanent, mais qui est consciente que même si le "coeur des hommes ne peut pas changer",  nous pouvons supprimer des causes de malheurs et de délitement du monde : le productivisme, le nucléaire, le capitalisme en sont les principales aujourd'hui car elles contiennent toutes les autres à commencer par l'Etat d'urgence permanent...Il nous faut supprimer la crainte de l'Etat d'urgence permanent en supprimant ses causes.
 
JLuc Pasquinet

 

 

Allez un petit cadeau en cachette : J'ai pas le droit mais tant pis, l'article est bien écrit ça se trouve dans le Monde Diplo...C'est pas de la salade aux petits Lordon....

https://blog.mondediplo.net/les-connards-qui-nous-gouvernent

Un extrait :

"Or, on peut jouer « l’immunité de groupe » avec la grippe saisonnière, par exemple, mais pas avec la peste. Où est le coronavirus entre les deux ? Un peu trop au milieu semble-t-il. Suffisamment en tout cas pour que jouer la « propagation régulée », au lieu du containment rigoureux, finisse par se solder en centaines de milliers de morts — 510 000 dans le cas britannique selon les estimations d’un rapport de l'Imperail College. Ici la philosophie conséquentialiste (1) a la main lourde, et l’esprit de sacrifice généreux — mais pour les autres, comme toujours."

1) En philosophie morale, la position « conséquentialiste », comme son nom l’indique, juge des choix moraux selon leurs conséquences : si, par exemple, il faut sacrifier une vie pour en sauver cinq, la balance nette des conséquences y trouve son compte. La position opposée, dite « déontique », juge non selon les conséquences mais selon des principes : ici par exemple, le caractère sacré en principe d’une vie singulière. La philosophie conséquentialiste est donc une philosophie du sacrifice, alors que la philosophie déontique rejette catégoriquement la logique sacrificielle.

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