Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Décroissance Ile de France
4 mai 2023

Cornelius Castoriadis, présentation faite le 3 Mai

Présents : 21 personnes dont 5 femmes (Ana Moreno est venue).

J'ai présenté les points suivants en environ 50 mn :

1) La biographie de Cornelius Castoriadis (1922-1997)

2) L'imaginaire radical et social

3) Une critique de Marx et du totalitarisme

4) Le projet d'autonomie : la démocratie directe

5) Un penseur de la modernité : relativisme culturel et universalité politique.

6) Conclusion : une société à la dérive.

Ce qu'il faut en retenir :

I- Les normes et les valeurs de chaque société sont une création humaine, mais les humains l'ignorent la plupart du temps. Pour une part écrasante de leur histoire, ce processus, de création institutionnel est recouvert par l'invocation d'une source extra-sociale comme Dieu : le nomos (les normes et valeurs) se fait alors physis (nature), naturalité indiscutable, alors que l'autonomie c'est la capacité pour le peuple de produire ses normes et valeurs et de les changer quand il le désire.

II- En ce qui concerne notre culture occidentale : l'Occident moderne est animé par deux significations imaginaires sociales tout à fait opposées, même si elles se sont contaminées réciproquement :

1° le projet d'autonomie individuelle et collective, la lutte pour l'émancipation de l'être humain réapparaissant régulièrement (Grèce antique à Athènes du 7 au 5ème siècle, villes libres en occident à partir des 12 et 13 ème siècle, démocratie oligarchique moderne).

2° le projet capitaliste, démentiel, d'une expansion illimitée d'une pseudo maitrise, pseudo-rationnelle de TOUT....

III- Enfin, sur la situation depuis les années 1980 : Castoriadis fait le constat d'une entrée dans une ère nouvelle peu propice à l'autonomie : "le système détruit toutes les bases anthropologiques de la liberté humaine, et même la viabilité de tous systèmes politiques" (interview ent V.Descombes et F Dosse auteur de "Castoriadis une vie" ed La découverte 2014.

IV - si on compare la notion d'autonomie chez CC et Illich :

chez CC : L’autonomie est finalement pour Castoriadis un projet de démocratisation radicale, avec la participation directe de tous à toutes les décisions qui peuvent affecter la vie sociale dans son ensemble et l’existence de chacun. C’est donc se donner à soi-même ses propres lois, en sachant qu’on le fait. L’autonomie est dans ce sens un exercice de dévoilement de l’imaginaire sur lequel repose la société, tout en rendant l’action d’auto-institution de la société explicite et lucide. Elle repose en ce sens sur la délibération démocratique, au sein de conseils ou d’assemblées autonomes.

mais il faut rajouter un autre intérêt qui réside dans l'AUTO LIMITATION possible dans ce cadre. C'est le seul cadre démocratique permettant l'autolimitation, alors que l'oligarchie ne le permet pas.

chez Illich : l'autonomie se définie par rapport à la technique, il s'agit d'autonomie par REAPPROPRIATION, ce qui constitue un complément à la thèse de CC (et non point une contradiction), comme je l'expliquai à la fin : voir les livres d'Aurélien Berlan sur le mythe de la délivrance du travail grâce aux machines et celui de Bertrand Louart sur la réappropriation. Autrement dit plutôt que la fin du labeur, viser la fin du travail salarié et l'autonomie par rapport à ce qu'on produit, et aux outils :

« l’homme a besoin d’un outil avec lequel travailler, non d’un outillage qui travaille à sa place », et finit par l’aliéner (la convivialité).

JL Pasquinet

Dec idf/Les ALD-BI

Publicité
Commentaires
P
Quand je lis des phrase comme :<br /> <br /> -"que l'autonomie c'est la capacité pour le peuple de produire ses normes et valeurs et de les changer quand il le désire."<br /> <br /> ou<br /> <br /> <br /> <br /> -"L’autonomie est finalement pour Castoriadis un projet de démocratisation radicale, avec la participation directe de tous à toutes les décisions qui peuvent affecter la vie sociale dans son ensemble et l’existence de chacun." je me demande si on n'est pas proche de la pensée magique?<br /> <br /> Dans la première phrase, outre le fait que le mot peuple est un signifiant vide, on n'a pas la moindre idée comment, à notre époque, cette capacité du "peuple" à produire et changer ses normes et valeurs pourrait être mise à contribution.<br /> <br /> Dans la deuxième phrase, encore une fois, la "participation directe" joue le rôle du "Sésame ouvre toi!". Pourtant déjà Rousseau avait reconnu que la participation directe n'était plus possible et que"l'intérêt général" n'était pas l'agrégation des intérêts particuliers fussent ils majoritaires!<br /> <br /> Pourquoi rester accroché à une démocratisation radicale comme autolégislation du peuple alors que celle ci n'est plus praticable?Pourquoi ne pas regarder plutôt comme le propose C Tolliot-Thélène vers une démocratisation radicale en termes d'extensions des droits existants et de gains de nouveaux droits?<br /> <br /> <br /> <br /> Pierre Leyraud
Répondre
Archives
Publicité
Publicité