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Décroissance Ile de France
27 mars 2020

Cette crise sanitaire nous rappelle que la relocalisation est le moyen et la fin de la décroissance

Le monde fait face à une situation unique qui n'a d'équivalent que la grande peste de 1348-1353 qui décima un quart de la population européenne et la grippe espagnole de 1914-1918.

 

Les différentes pestes qui se sont succédées autour de la Méditérannée jusqu'en 1799 ont donné lieu à des confinements, mais ils étaient localisés (Provence pour celle de 1720 à Marseille). C'est peut-être la première fois que l'on confine les gens à domicile au niveau national dans ce pays. Au fur et à mesure que la pandémie se développe, le nombre de pays et de gens confinés ne cesse d'augmenter : RU, Etats-Unis d'Amérique, Inde, etc...viennent de se rajouter à la longue liste déjà existante. Il est a noter que l'on revient à des méthodes du Moyen-Age, montrant que la notion de Progrès n'est qu'une idéologie sans fondement, c'est le premier enseignement de cette pandémie.

 

Certains avancent qu'une des causes de ce virus serait le trop grand nombre d'êtres humains et d'animaux domestiques, sa  concentration et sa proximité. La conséquence étant la disparition du sauvage, ("selva" : "de la forêt") et des forêts où les virus restaient confinés, mais d'où ils sont propagés par les animaux sauvages lorsqu'on détruit leur biotope.

 

En tout cas elle questionne directement la mondialisation et aussi l'économisme (le fait de donner la priorité à la réduction des coûts sur la santé ou les communs par exemple). La France s'aperçoit qu'elle dépend par exemple de la Chine pour son approvisionnement en masques et bien entendu en cas de crise sanitaire, les règles de l'OMC sur la liberté du commerce ne s'appliquent plus, on privilégie sa proximité, sa Nation, d'autant plus que la mobilité devient plus difficile. C'est le cas en Allemagne par exemple qui se prépare en se gardant bien de nous envoyer du matériel de réanimation qu'elle continue de produire, malgré quelques gestes de solidarité spéctaculaires.

 

Sur quoi pourrait déboucher cette situation unique au monde ? Au minimum sur une grave récession, à l'issue de laquelle les Etats vont être obligés de soutenir les économies. Il est fort possible que les règles de la mondialisation soient mises à rude épreuves. En ce qui concerne le couple dominant, c'est à dire la Chine et les USA, la première risque d'avoir moins de liquidités pour racheter la dette américaine, si bien que les USA risquent fort de ne pouvoir relancer leur économie autant qu'ils le désireraient....d'où un isolationnisme encore accru....

 

Si on examine le résultat des mesures prises il s'agit plus d'un grand renfermement, d'une "démondialisation" plus qu'une relocalisation ouverte et démocratique, qui ne pourra déboucher que sur une récession. Une récession accompagnée d'une inflation, car pour préter beaucoup d'argent il faudra faire fonctionner la planche à billets.

 

Au pire, cette crise pourrait aussi amener un effondrement. Un effondrement désigne une situation où l'on ne peut plus assurer l'approvisionnement en biens et services de base, ou à des prix abordables pour le commun des mortels, alors qu'une récession c'est "juste" un recul dans la croissance du PIB, des faillites et des chomeurs...les travailleurs dans les secteurs clefs refusant de se sacrifier pour quelques euros de plus...

 

Dans les deux cas on subodore que les Etats vont intervenir beaucoup plus dans l'économie et sans doute dans la vie quotidienne des gens. Le paradoxe c'est que la numérisation du monde risque d'être accélérée avec la vidéosurveillance, la 5G et l'interconnexion de tout, l'Intelligence Artificielle....le tout au nom de la relance et de l'ordre public, et c'est un autre problème que cette dépendance accrue à Internet, qui se "rend utile" quand l'Agora disparait totalement, et ça c'est génant et à analyser.

 

Du côté des "résistants", allons nous assister à la création de mouvements sécessionnistes au niveau territorial sous forme de ZAD ? Nous nous trouverions alors dans une situation tendue entre d'un côté un Etat technicien, ne jurant que par la relance et un mouvement sécessionniste appelant à la décroissance de tout : la démographie, les animaux domestiques, l'économie, la numérisation, l'emprise de la technique-monde sur nos vies....Et surtout pouvant prendre maintenant comme référence ce formidable moment de confinement qui aura vu  une réduction considérable des émissions de gaz à effet de serre et de déchets, de consommation d'électricité (moins 28 % en IDF par exemple), et enfin le retour du silence dans un monde dominé par le bruit des marchandises qui se déplacent en utilisant les humains....Confinement n'étant pas décroissance, car la décroissance contient des alternatives et notamment la relocalisation comme moyen et fin de la décroissance...

 

Du côté du secteur de la santé, on imagine que l'Etat va chercher à accroitre les investissements importants qui leur sont déjà dédiés (280 milliards d'euros, soit 11,7 % du PIB en 2018, contre 13,7 % du PIB pour les retraites par exemple), mais qui ont été jugés insuffisants et surtout qu'on a essayé à n'importe quel prix de réduire depuis de nombreuses années (la progression des dépenses sanitaires a été de 1,4 % en moyenne par an depuis 2009) au nom de l'économie. Ce sera sans doute la seule lecture critique de ce libéralisme en vigueur jusqu'ici, qu'il fera.

 

Dans une économie en crise, avec les promesses d'aides qu'il faudra respecter on se demande où l'Etat va prendre l'argent pour aider le secteur de la santé.

 

Il y aura enfin des comptes à rendre. Le nombre de victimes risque d'être important, et je ne me hasarderai pas à faire des pronostics, mais comme il n'y a pas eu de coordination mondiale sur les mesures à prendre, les pays ne sortiront pas tous en même temps de cette pandémie, et le risque c'est de voir une deuxième pandémie se reproduire.

 

C'est un situation unique, il ne s'agit pas d'une simple épidémie, mais c'est aussi une occasion de réfléchir à notre système. A la sortie, si nous sommes encore vivants... le monde risque d'être différent..."risque" seulement et on ne sait pas encore ce qu'il en résultera. Car la décroissance n'est pas que quantitative, elle sous entend que l'on met en place des alternatives, et notamment la relocalisation ouverte et démocratique, or si on ne peut pas se réunir il va être difficile de le faire.

 

JLuc Pasquinet

 

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