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Décroissance Ile de France
4 février 2020

Parcours d'un éthnologue...Une vie à cheval sur deux siècles destructeurs...


J'étais au début des années 1970 élève à la FRA = Formation à la recherche en anthropologie (sociale et culturelle) avec Philippe Descola et Jean-Patrick Razon, celui qui va animer "Survival International-France", F.R.A.sous la gouverne de Simone Dreyfus-Gamelon...
...
Spécialisé en ethnologie amazoniste dès le début, sous la direction de Robert Jaulin et de Pierre Clastres,
j'étais le 3e français à me lancer dans l'étude de la langue Yanomami : j'avais mis en fiches tout les mots contenus dans le dictionnaire Yanomami-Français qui venait de paraître au Collège de France, labo de Claude Lévi-Strauss...
Mais ensuite je me suis spécialisé sur les langues amérindiennes de Guyane française = terrain sur place de 15 années...
Je continue à travailler avec les amérindiens Wayana= très bons articles qui viennent de paraître dans Télérama et dans le POLITIS de cette semaine, et excellent livre paru en septembre dernier, meilleur que le spécial Guyane de la revue "Z", à laquelle j'ai cependant participé :
"Ni or ni maître, Montagne d'or et consorts"
190 pages, 6 euros
J'étudie tout ce qu'il se passe en Guyane depuis 1967, et Robert Jaulin avait été missionné par le gouvernement en 1962 pour produire un rapport sur les effets sur les populations "tribales" de l'éventuelle abrogation du statut du territoire de l'Inini, puis "arrondissement de l'Inini", couvrant depuis 1930 80% du département, et protégeant de fait les populations de la forêt vivant traditionnellement. Mon professeur, Robert Jaulin, avait alors démontré qu'il ne fallait pas supprimer ce statut, car les colons de Cayenne en profiteraient pour engager un processus ethnocidaire de "francisation" = mot du géographe Jean-Marcel Hurault.
Hélas, cet espace administré directement par Paris (et non par Cayenne et son Conseil Général, fut remis aux créoles-cayennais en mars 1969, et tout empire depuis... y compris avec la création en 2007 du Parc National, du fait du statut raciste et colonial de la forêt (99, 77 % du département), déclarée encore en 1946 : "Terre vacante et sans maîtres", donc "vide" = "terra nullius" ou "res nullius", statut par exemple abrogé en Australie : affaire Eddy Mabo: 1992, mais toujours en vigueur en Guyane !
Oubli dans l'article de POLITIS : même la Convention internationale des droits de l'enfant n'a pas été signée intégralement par la France, à cause de l'article 30 qui impose le respect de la langue maternelle des enfants, aspect refusé par le gouvernement français.
Autre oubli relevé par le juriste Philippe Karpe (I.R.D.) dans son article de 14 pages de la Revue juridique de l'environnement intitulé :
"L'illégalité du statut juridique français des savoirs traditionnels" (par rapport à la Convention de la Biodiversité), pages 173-186 volume n° 2 de 2007
où il démontre que du fait du sous-amendement 297 hélas obtenu le 1er décembre 2005 au Parlement dans le cadre des discussions sur les parcs nationaux à propos des ressources génétiques par la députée Christiane Taubira, l'article 8-j au profit des peuples indigènes et du partage juste et équitable des avantages découlant de leurs savoirs en matière de plantes médicinales, cette députée a fait voter un amendement qui refuse l'application de la Convention de la Biodiversité décidé par l'O.N.U. au Sommet de l'Environnement de Rio en 1992, car elle ne voulait pas que de l'argent parvienne en application de l'article 8-j, au profit des Amérindiens, rebaptisés hypocritement par elle (pour tromper les parlementaires !) "populations micro-locales". Les parlementaires n'ont pas compris le racisme anti-amérindiens propre à la bourgeoisie créole-cayennaise, ni compris le sens en langue créole du mot "guyanais", lequel, sur place, ne signifie pas "habitants du département Guyane", mais bien plus étroitement : "populations noires puis plus ou moins métissées issues de l'abolition de l'esclavage de 1848, de langue et de culture créole, et habitant les villes et bourgades du littoral, et inspirés par les clubs animés par les loges franc-maçonnes, loges où on enseigne aux membres qu'ils sont "de culture française depuis toujours",[source= G. Othily: Histoire d'une loge. L'Harmattan, 1994] et donc insistent (1935) pour devenir "département français de plein exercice", et ces descendants de 1848 méprisent les autres noirs, ceux qui dès le Dix-huitième siècle, surtout en Guyane hollandaise, ont fuit les armes à la main en forêt pour recouvrer leur liberté, et dont 4 des 6 ethnies alors constituées (et victorieuses en 1780 face aux armées européennes cherchant à les ramener dans les plantations esclavagistes), vivent à la fois en Guyane hollandaise (Suriname) et en Guyane française : les Aluku (Boni), les Saramaka (les premiers à fuir, à "marronner"), les Paramaka et les Djuka.
Ces africano-créoles urbanisés et s'estimant "civilisés" tels les plus célèbres de Guyane : Félix Eboué et Gaston Monnerville, ont le plus parfait mépris pour les habitants vivant en forêt amazonienne, donc les "Noirs-Marrons" ci dessus évoqués, les H'mongs, peuple venu du Laos, où ils étaient devenus "Boat-People à la fin de la guerre du Viet-Nam, et installés en 1977 en Guyane surtout dans deux villages : Cacao et Javouhé, ce peuple étant devenu des agriculteurs à la compétence telle que ce sont eux qui approvisionnent les marchés des villes du littoral : sans eux, les salades et les tomates viendraient d'Europe par "Air-France" !... Il y a aussi quelques aventuriers d'origine européenne, arrivés dans l'esprit post "mai-soixante-huit" des hippies ou des néo-ruraux, moqués par les africano-créoles sous le sobriquet de "Blancs-Marrons", et enfin, les plus ostracisés de ces habitants qui apprécient leur vie traditionnelle en forêt: les plus anciens d'entre eux : les Amérindiens, comme partout ailleurs aux Amériques, victimes du plus terrible génocide de l'histoire humaine: extermination du quart de l'humanité d'alors en 1500, extermination en Guyane de 24 des 30 ethnies qu'il y avait à l'origine, soit quasi disparition des 60 000 amérindiens : n'étaient plus que 800 en 1945, et seraient remontés à 10 000 actuellement, mais il est "anti-constitutionnel" de compter le nombre des Amérindiens, car dans un département français de la République "Une et Indivisible", il n'y a que des ... citoyens français", donc un seul peuple !
Aspect raciste et ethnocidaire découlant paradoxalement de l'anti-racisme de la république interdisant par acharnement homogénéisateur (dès l'Abbé Grégoire sous la Révolution) les "comptages ethniques" ! ?...
A part ces petits oublis, et la petite erreur sur le climat qui serait d'après les auteurs "équatorial", alors qu'il est tropical, c'est à dire avec une saison des pluie et une saison sèche, plus le "petit été de Mars" !, le mot "équatorial" signifiant, lui, climat avec pluies régulières (et abondantes), toute l'année, climat rare sur terre, surtout existant du côté de Java, Sumatra et Bornéo...
N.B. : j'ai une formation de géographe, et c'est ensuite que je me suis orienté vers l'ethnologie, mot que je préfère à celui d'"anthropologie", née, elle, des études de mesures craniologiques avec Broca et son obsession de classer les variétés phénotypiques des humains pour les hiérarchiser en races dans le but de valoriser les européens et de mépriser les "sauvages" découverts par les colons, "sauvages" encore sous le statut de "rien", "nullius", en Guyane, comme on l'a vu plus haut !
A part ces petites corrections ou précisions, le "POLITIS" n° 1588 du 30 janvier au 5 février 2020 pages 22-24 signé Juliette Cabaço Roger et Gwenvaël Delanoé est excellent:
"En Guyane, éducation option coloniale", et je constate amèrement le peu de changement depuis 1988, époque où comme ethnologue, j'avais intégré l’École Normale d'Instituteurs de Cayenne (I.U.F.M.) pour observer de l'intérieur la politique dévastatrice de l’Éducation Nationale dans les écoles du fond de la forêt, où je me suis fais nommer pour réaliser tous mes stages obligatoires d'instituteur en formation.
Je me battais pour cette trilogie :
"enseigner sans ethnocider"
(mon professeur Robert Jaulin, avait en 1970 rendu célèbre dans son livre : "La Paix blanche", le mot inventé par Georges Condominas, plus tard merveilleusement explicité dans la revue l'Homme par Pierre Clastres: le mot "ethnocide" !),
"éduquer sans déstabiliser"
"instruire sans détruire"
Aucune amélioration depuis mon enquête du début des années 1990 !
Résultat : multiplication des suicides chez les adolescents parmi les Teko, les Apalaï, les Wayampi et les Wayana, tous habitants le tiers sud de la Guyane que Robert Jaulin avait tenté de protéger contre l'invasion des voyages organisés par les opérateurs touristiques, une forme perverse de "tourisme sexuel", le produit d'appel étant la nudité traditionnelle, surtout celle des ... femmes !
Sur les suicides on lira de la sénatrice Aline Archimbaud et de la députée Marie-Anne Chapdelaine leur rapport du 30 novembre 2015 remis au Premier Ministre (165 pages) : "Suicides des jeunes Amérindiens en Guyane française. 37 propositions pour enrayer ces drames et créer les conditions d'un mieux-être". Ce rapport a été lu par le philosophe polygraphe Michel Onfray, qui a fait un très (trop !) bref séjour dans le village Wayana de Taluen, mais a été très bien conseillé par le photographe dont on aura une idée de son travail sur les Wayana sur son site : "http://www.miquel-dewever-plana.com". Dans son récit souvent maladroit qui mettra en colère les jeunes amérindiens : "Nager avec les piranhas. Carnet guyanais", Gallimard, octobre 2017, 78 pages, la deuxième et dernière partie pages 51 et suivantes intitulée ironiquement à propos des deux parlementaires :
"Philaminte et Bélise sont en pirogue", est une lucide déconstruction des prétendues mesures proposées par nos deux débutantes en ethnologie pour mettre un frein aux suicides: Aline Archimbaud (Seine-Saint Denis) et Marie-Anne Chapdelaine (Ille et Vilaine). Celles-ci ne se rendent pas compte que tout ce qu'elles préconisent se transforme en poison pire que le mal ! Elles voient le "développement " comme une solution, alors qu'il est le moteur de l'ethnocide qui désespère les amérindiens, et les transforment en personnes honteuses de leur mode de vie ! Leur fierté, leur identité est détruite par les initiatives intempestives des "missionnaires du progrès" : toutes sortes d'instituteurs et de fonctionnaires qui viennent occidentaliser ces populations et introduire chez elles un désastreux complexe d'infériorité. Ne serait-ce que leur apprendre de nouveaux codes de pudeur, et leur expliquer que désormais il faut se vêtir comme ceci ou comme cela !
Tout européen qui séjourne chez les amérindiens et persiste à resté habillé en européen moyen devient une sorte d'homme-sandwich qui fait de la publicité, même inconsciente, pour les us et coutumes de l'Europe judéo-chrétienne, à commencer par le port du voile imposé par les missionnaires venus du Moyen-Orient lors de l'extension du christianisme dès ses débuts, par exemple ce voile qui recouvre le torse des femmes, en application d'un édit, vers 1760 avant J.C. d'un prince babylonien, Phalazar, ordonnant aux femmes de se vêtir car leur corps serait diabolique à partir de l'âge nubile, antique obsession que véhiculera la Torah, puis la bible chrétienne, et encore plus férocement le Coran.
Heureuse mais trop rare exception: deux jeunes filles qui se firent nommer institutrices à Yawapa, chez les Wayampi, et qui décidèrent de s'adapter aux amérindiens, au lieu d'adapter les amérindiens aux coutumes occidentales : elles furent les seules fonctionnaires de la France à être tous les jours à leur travail nues ou quasi nues, et se mirent à apprendre la langue locale pour que les enfants soient scolarisés dans leur langue maternelle. Et les horaires furent adaptés au mode de vie amérindien : pas d'école les jours de pêche collective à la nivrée (poison de pêche de type roténone, à base de liane écrasée). Il est de bon ton dans une certaine gauche de se moquer de Michel Onfray, mais là, je ne peux que saluer sa perspicacité , sa sensibilité, en ce qui concerne le processus pernicieux de l'ethnocide: il en fait une parfaite démonstration en ridiculisant les 37 mesures absurdes conseillées par ces parlementaires, des mesures qui ne vont engendrer que l'aggravation du nombre des suicides.
Je ferais le même reproche au livre : "Les abandonnés de la République", d'Yves Géry, car lui aussi est en faveur de l'accélération de l'occidentalisation, au lieu de promouvoir le retour à la fierté de vivre comme avant, dans la dignité d'un mode de vie autonome et épanouissant, comme je l'ai démontré dans mon article sur le site :
"permaculture, agroécologie, jardins-forêts : des savoirs millénaires".
"abandonnés" : ? Mais oui ! il faut que la France abandonne cette colonie et cesse d'introduire ses lubies développementistes au sein de peuples dont elle ignore tout de la cosmogonie !
Grâce à une fantastique campagne de presse dans plusieurs journaux en France (le Monde, 3 septembre 1970 : une page entière sous le titre : " Les Indiens de Guyane française peuvent-ils être exploités comme curiosité touristique " , le gouvernement français pris peur et ordonna au préfet de Guyane de prendre un arrêté interdisant le tourisme dans tout le tiers-sud de la Guyane, dans le but d'en finir avec l'agression via l'ethno-tourisme : (je cite les considérants) :
"considérant qu'il convient de respecter le mode de vie, les coutumes , l'organisation sociale et familiale ainsi que le particularisme des populations indiennes,
"considérant d'autre part qu'il convient de préserver l'état sanitaire de ces populations"
"considérant enfin que le libre accès des personnes  en pays indien peut conduire ces dernières à méconnaître ou à négliger les risques qu'elles peuvent y encourir,"
Suit la décision de soumettre à autorisation spéciale délivrée par la préfecture l'accès au sud d'une ligne coupant la Guyane en ligne droite d'est en ouest, depuis la confluence des fleuves Tampock et Maroni (Lawa), et des fleuves Camopi et Oyapock, un arrêté complémentaire précisera en 1978 que l'accès au village de Camopi est également interdit aux touristes. Seules les personnes fournissant une attestation de leur employeur qui précise en quoi tel ou tel doit se rendre pour des raisons professionnelles dans le tiers-sud de la Guyane, peut bénéficier d'une autorisation d'accès que les gendarmes en poste à Maripasoula et à Camopi devront examiner. Les touristes n'étant pas envoyés en mission professionnelle ne peuvent jamais obtenir d'autorisation d'accès au territoire réglementé par l'arrêté préfectoral...
Fait remarquable : c'est la première (et seule fois, si on oublie l'admirable texte du député de l'Oyapock: Pomme en 1790) que L’État français nomme expressément le "pays indien" !
Déclaration du député Pomme :
Il convient de "laisser à tous les indiens pleine et entière liberté de vivre à leur manière, sans aucune gêne ni contrainte quelconque (...) sous la protection de la Nation qui doit toujours les considérer comme ses enfants et les premiers propriétaires du sol de la Guyane".
Ce sera oublié dans les années 2000 lorsqu'il s'agira de créer en Guyane un Parc National, hélas dans une partie de la Guyane habitée exclusivement par les Premiers Habitants des Amériques, d'où mon rapport remis à mon université (Paris -7 , A.E.S.R., sous la direction du professeur Eric Navet le 11 septembre 2001 (un jour... particulier !?) : 147 pages plus 11 pages de cartes et 99 pages de documents en annexe, ayant pour titre :
"Un parc contre les amérindiens. Histoire de la première tentative de mise en place d'un parc national en Guyane française : 1992-2001."
 
A cause de la mission confiée par le ministre Raffarin au député Jean-Pierre Giran, ce parc désastreux ne sera créé en 2007 qu'après la "réforme Giran" modifiant la loi de 1960 sur les parcs nationaux, de façon à ce que désormais les parcs nationaux ne servent plus seulement à la protection de la nature, mais aussi aux entrepreneurs, à la seule condition d'y pratiquer le "développement durable " (sic !), avec en plus des clauses redoutables pour le seul cas des DOM-TOM, et là, avec en plus des facilités encore plus dangereuses pour la nature avec des clauses supplémentaires ne s'appliquant qu'en Guyane, comme la possibilité de réaliser des travaux "infrastructurants" même dans la zone- cœur du parc national, rebaptisé en Guyane "Parc amazonien de Guyane", pour séduire le nationalisme africano-créole (et non les souhaits des amérindiens, comme celui de placer le territoire traditionnel des Wayana dans la zone cœur de parc, afin de se retrouver dans la zone interdite aux activités des industriels de l'exploitation aurifère ! Hélas, le gouvernement va se moquer des Amérindiens et placer leur territoire dans la zone dite de "libre adhésion", l'ancienne "zone périphérique" de la loi de 1960, différente de la "zone centrale" elle, plus strictement protégée.Or dans la zone de libre adhésion, les activités minières sont autorisées, et si les Amérindiens du tiers-sud de la Guyane disposent depuis le décret inter-ministériel n° 87-267 du 14 avril 1987 de 5 628 km2 de ZDUC: zone de droit d'usage collectif, constatée par le Préfet en 1994 et 1995, cette faveur accordée par le premier article de ce décret, le R 170-56, dès le R 170-57 ce que l’État vient de donner d'une main peut être retiré dans quatre cas :
1° : si les bénéficiaires changent de mode de vie et que l’État constate dans un délai de dix années que les Indiens ne vivent plus traditionnellement, ce que le décret précise ainsi à la fin du R 170-56 : ""Lorsque la communauté bénéficiaire n'exerce plus ses droits d'usage" le Préfet retire par un nouvel arrêté les avantages précédemment concédés. Mais attention : le texte ne dit jamais "indiens" ou "amérindiens", mais utilise cette longue périphrase : "communautés d'habitants tirant traditionnellement leurs moyens de subsistance de la forêt, soit toute activité nécessaire à la subsistance de ces communautés" (seul but de cette périphras : nommer les Amérindiens...sans les nommer, puisqu'il est anticonstitutionnel de nommer une ethnie ou une autre à l'intérieur du territoire national de la République !... sauf que plus loin, on peut lire ceci : "L'arrêté [...} rappelle l'identité et la composition de la communauté d'habitants bénéficiaire", ce qui fait qu'en réalité, dans les arrêtés d'application: deux en 1994 et deux en 1995, les noms des ethnies sont bien mentionnées ! Au cas où au bout de dix années, les Amérindiens continuent à vivre traditionnellement, ils peuvent demander un "acte de cession" précisé à l'article R 170-59...
2° en vertu du R 170-57: avantages retirés si les bénéficiaires gênent la recherche et l'exploitation des substances minières.
3° en vertu du R 170-57 : avantages retirés si les bénéficiaires gênent les dispositions relatives à la protection de la nature et des espèces animales et à la défense de l'environnement.
4° en vertu du R 170-57 : avantages retirés si les bénéficiaires gênent la réalisation de travaux d'aménagement ou d'équipements collectifs.
Donc tout est prévu :
L’État espère que grâce à toutes sortes d'initiatives menant à l'ethnocide, par exemple en recrutant des instituteurs éphémères ignorant tout de l'ethnologie et se moquant de la langue maternelle des enfants, ou en laissant se multiplier les mines d'or avec leur cortège d'effets désastreux : pollutions , prostitution, alcoolisme, drogues, faunes disparaissant devant la pression de chasse des orpailleurs, ou en laissant faire les opérateurs touristiques qui trichent avec l' arrêté préfectoral qui interdit le tourisme depuis 1970 en pays indien ,
les populations seront si déstabilisées qu'elles auront honte de leur mode de vie et feront tout pour se convertir à la modernité : l’État prévoit même que l'abandon de la vie traditionnelle peut être réalisée en moins de dix ans !
Et comme l’État a prévu des clauses "spéciales Guyane" dans la nouvelle loi sur les parcs nationaux, de telle sorte que ce parc ne protège plus grand chose, puisque les industriels peuvent s'installer pour exploiter des mines d'or dans la zone périphérique rebaptisée zone de libre adhésion, et que même dans la zone centrale, rebaptisée zone cœur, l'article 11 autorise par dérogation à la règle qui stipulait l'interdiction de travaux édictée par l'article L. 331-4 du code de l'environnement, pour des catégories de travaux non mentionnés dans le présent décret par autorisation du conseil d'administration de l'établissement public P.A.G. (parc amazonien de Guyane), dans les conditions définies par la charte et après avis du conseil national de protection de la nature et du comité interministériel des parcs nationaux. Cette dérogation permet même dans la zone cœur de réaliser les travaux prévus à l'article 10 et détaillés en 9 alinéas dont le dernier est le suivant !
"Les activités, travaux, constructions ou installations d'intérêt général lorsque des contraintes techniques ou topographiques rendent impossibles une autre localisation.", ceci dans le cadre d'une "simplification du régime d'autorisation pour les travaux dans le cœur;"
Comme il est prévu dans le cas des DOM, article 9,  que tout ce qui concerne le Parc National est soumis au S.A.R., le Schéma d'Aménagement Régional, lequel Schéma est aux mains des colons de Cayenne: les africano-créoles, ces ennemis acharnés des Amérindiens dont l'idéal a été défini par l'un d'eux : l'historien Serge Mam Lam Fouck en ces termes :
"dilater l'espace colonial au détriment de l'espace tribal" (sic ! pages 36 et 39), et profiter de l'initiative de la création de ce Parc National pour que l'administration cayennaise achève enfin de coloniser la forêt. , car
"la colonisation avortée des siècles précédents avait laissé subsister dans l'espace guyanais des groupes humains autonomes dont le mode de vie relevait d'autres cultures" Cette autonomie ! quelle horreur, pour cet intellectuel créole ! "l'intérieur était à peine francisé. la société guyanaise conservait donc des caractères culturels qui constituaient des obstacles majeurs à l'assimilation des populations" (p. 197) Serge Mam Lam Fouck regrette page 47 que "ni l’État , ni les sociétés aurifères ne s'engagèrent résolument dans l'aménagement d'un réseau routier dans l'Intérieur". Mais les créoles cayennais ont tracé sur la carte du S.A.R. les routes pour aller à la conquête du sud qui échappe encore, disent-ils, à la colonisation, et ils espèrent bien qu'avec ces routes permises par les articles 10 et 11 s'en sera fini avec les populations hélas encore indépendantes et autonomes, et que leur "digestion", pardon, "assimilation" pourra être enfin réalisée ! D'ailleurs il est prévu un "élargissement des missions de l'établissement public du parc, notamment au profit du développement des communautés d'habitants et des projets d'ordre social, économique et culturel dans le parc;" Un autre alinéa prévoit que les industriels pourront bénéficier d' "Un mécanisme d'autorisation pour l'accès aux ressources génétiques prélevées dans le parc". Et déjà le biopiratage de certaines plantes a été constaté : les Amérindiens font un procès à l'IRD qui est complice de cette mise en brevets de leurs plantes médicinales, sans tenir compte de l'article 8-j de la Convention sur la diversité biologique du 5 juin 1992 censé les défendre !
Serge Mam Lam Fouck voit dans la création du "Parc naturel du Sud " (sic !) une belle opportunité pour "la maîtrise de la totalité du territoire" (p. 52).
Source : Serge Mam Lam Fouck : "Histoire générale de la Guyane française"; Editions Ibis Rouge, 1996.
Que ce soit pour protéger ou pour détruire la nature, dans les deux cas, tout est prétexte à enlever aux Amérindiens les avantages accordés par les actes préfectoraux de "constatation de droits d'usage collectifs" prévus au premier article : le R 170-56 !
De plus, l'arrêté préfectoral du 14 septembre 1970 interdisant le tourisme "en pays indien" est fragilisé car par définition, un parc national est accessible aux touristes censés y être guidés pour découvrir la faune et la flore...
Sauf que ces "touristes" sont surtout des "ethno-touristes " qui souhaitent se rincer l’œil, en espérant visiter des villages "d'authentiques sauvages" à l'excitante nudité !
Un ministre de Jacques Chirac, Léon Bertrand (qui finira en prison !) s'était même permis d'écrire une lettre où il faisait la promotion de l'abrogation de l'arrêté de 1970 et souhaitait la création de "villages typiques" pour distraire les touristes : une sorte de retour aux zoos humains que je dénonçais alors dans la presse: dépêche de l'A.F.P., Canard enchaîné, etc...
Outre ce n° de POLITIS, on lira le Télérama n° 3654 du 25 au 31 janvier, car  après les pages 18 à 22 consacrées à la photographe Claudia Andujar et à l'exposition que lui consacre actuellement la Fondation Cartier sur les Yanomami, il y a deux excellentes pages sur l'une des 7 ethnies amérindiennes de Guyane, les Wayana. La huitième ethnie, les Akulio, ou Wama, ou encore "Odjaricoulets", a été redécouverte en juin 1969, cachée aux sources du fleuve Maroni. Hélas, cela est venu aux oreilles des missionnaires du Summer Institute of Linguistics et cette congrégation fondamentaliste basée à Dallas, au Texas, horrifiée d'apprendre que ces amérindiens avaient "encore" des haches de pierre et se déplaçaient constamment dans la forêt, décidèrent de les encercler quasi militairement, créant pour cette action des pistes d'aviation dans la forêt (je les ai visitées), et de tous les attraper pour les déporter de force dans une "réduction" (terme jésuite) où ils avaient déjà agglutiné pour les évangéliser des Wayana et des Trio, au lieu-dit "la Grande Roche" (Tépu-Pepta), sur le fleuve Ulémali, affluent surinamien du Maroni. Là, dans les années 1980, les Akulio sont tous morts, du fait du choc culturel extrême et de la brutale confrontation soudaine aux germes pathogènes vis-vis desquels toute population isolée des Amériques n'a aucune défense immunitaire... Tous morts de suicides et de maladies épidémiques. Conclusion des missionnaires (j'ai lu leur récit conservé à la bibliothèque de l'ORSTOM de Cayenne rebaptisée hélas "I.R.D." (une autre sorte de secte consacrée à répandre la religion du "développement" (!?) :
"Opération "Akulio" : succès complet : nous avons sauvé toutes les âmes! "
Car de fait, chaque mourant a été consciencieusement baptisé à la dernière extrémité, de façon à ce que l'âme parte directement au ciel !
Je connais deux survivants de ce peuple exterminé : ils étaient enfants au moment de la déportation, et au passage les Wayana du village de Malipah-Pan les ont adopté: Aliki et Pélémit. Pélémit avait 9 ans à ce moment-là, et, fait extraordinaire démontrant l'excellence de l'éducation traditionnelle dont il bénéficia de zéro à 9 ans chez ses parents Akulio, il est jusqu'à ce jour réputé être le meilleur chasseur de toute la Guyane ! Qu'est-ce que ce la aurait été si son éducation ne s'était pas arrêtée brutalement lors de ses 9 ans !
Les catholiques de Guyane française sont de tout aussi horribles ethnocideurs : par exemple le Père Barbotin, celui qui me déclara un jour que la France était sous le joug d'une terrible menace : "le judéo-maçonnisme " !
"Pour faire d'un petit indien un bon chrétien, il faut d'abord en faire un orphelin"
Comprendre : aller le chercher au fond de la forêt, l'arracher à sa famille, le couper définitivement de ses racines (les parents, depuis trop longtemps aux mains du diable sont définitivement voués aux gémonies, on ne peut plus rien espérer d'eux, donc seuls les enfants sont sauvables, si toutefois on les isolent définitivement des coutumes diaboliques !
Et ce sera en Guyane la création des "Homes Indiens", celui de Maripasoula que j'ai bien connu, vient de fermer, mais celui de Saint Georges de l'Oyapock sévit encore, et lorsque l'ethnologue Eric Navet alors instit à Camopi, avait protesté auprès de l’État français de la déportation d'une partie de ses élèves au Home de Saint Georges tenu par les religieuses catholiques, il avait eu à subir les sévères remontrances du Préfet de Guyane, qui dans la France laïque préféra donner raison à l'évêque de Cayenne, contre l’Éducation Nationale !
Le documentaire de télévision réalisé par Claude Massot (ami d'André Cognat, ce lyonnais né en 1938, arrivé en 1962 chez les Indiens Wayana, car en ayant assez des usines Berliet où il était tourneur-fraiseur depuis ses 14 ans, marié à Alasawani, deux enfants, Lanaki et Koulilou, de lui, toujours sur place : "J'ai choisi d'être indien": 1967, réédité à l'Harmattan, et chez Robert Laffond : "Antécume ou la vraie vie", et ami de Jean Malaurie pour lequel il préparait un film devant être une sorte de suite de "Nanouk", Claude Massot, donc, n'a jamais pu montrer à la télévision française le 7 e épisode de son reportage, justement celui consacré au Home indien de Maripasoula ! Censure encore !
Heureusement, enfin, une étudiante : Françoise Armanville a consacré les 128 pages de son Mémoire de Master 2 en 2012 aux "Homes Indiens en Guyane française"1948-2012-", accessible sur internet ou via le site de Guyane "blada.com"
Nombre d'ouvrages et de documentaires évoquent les internats religieux dont furent victimes les enfants des Peuples Indigènes, Autochtones ou  Aborigènes, surtout au Canada et en Australie (mais là-bas, cette pratique est désormais interdite, et a même obligé le premier Ministre d'Australieà prononcer des excuses officielles au sujet de la "génération volée".
Rien de tel en France, avec sa colonie de Guyane, où l'affaire est toujours soigneusement cachée, et où l’Église catholique continue à entretenir un de ces "Homes". Certes, désormais, il faudrait ajouter la redoutable arrivée depuis le Brésil des sectes évangélistes !...
Enfin,
outre ces numéros de POLITIS et de Télérama, un excellent livre est paru, déjà mentionné au début de ce texte: encore mieux documenté que le numéro spécial "Guyane" de la revue "Z" :
il s'agit de :
"Ni or ni maître : Montagne d'or et consorts", 190 pages, 6 euros, Les trois auteurs gardent l'anonymat et n'ont donné que des sobriquets...
soulevant l'invasion depuis les années 1980 des mines d'or en Guyane, depuis le retour de la pratique séculaire de l'orpaillage avec cette fois l'usage de moteurs, et non plus l'antique travail avec la pioche et la bâtée, moteurs qui actionnent les jets d'eau décapeurs de sols : les lances monitors, ou actionnent les pompes pour extraire les limons du fond des rivières.
Actuellement l’État français accorde des concessions à des entreprises minières sur 364 000 hectares : il n'y a donc pas que "Montagne d'Or", nom pompeux inventé par le consortium russo-canadien, car ce nom est inconnu du cadastre.
Signalons que le géographe Jean-François Orru qui a fait ses études à l'IHEAL de la rue Saint Guillaume et à Paris III-Sorbonne a obtenu son doctorat en décembre 2001 par un travail curieusement intitulé :
"Les communautés isolées de Guyane et la France, de la colonisation à la globalisation".
Je considère que seules les villes du littoral sont qualifiables "d'isolées", les villages en pleine forêt vivant royalement au milieu de tout le nécessaire pour bien vivre, et de plus de façon écologiquement soutenable, alors que des villes comme Cayenne ou Kourou ne survivent que grâce à l'apport permanent de subsides venant d'Europe, donc sont isolées des sources de subsistances.
De plus mon propre travail de 2001 dénonçaient déjà les articles et rapports de ce géographe à cause de l'étrange apologie de ce géographe, dèjà dans les années 1990, des activités minières, pour lui d'heureuses opportunités de "développement", ce refrain des géographes fanatiques de la notion de "progrès" sous la houlette de Sylvie Brunel, l'ennemie acharnée des écologistes !
Ce docteur décoré en 2001 (j'étais à cette cérémonie à la Sorbonne !) est devenu le chargé de communication, salarié par les industriels qui veulent ouvrir en Guyane la plus grande mine d'or du monde à ciel ouvert !
Honte aux professeurs qui l'ont formé, oubliant tout transfert de sens moral dans leur programme éducatif !
Cet étrange étudiant avait dès le jour de sa soutenance de thèse un comportement suspect : je lui demande peu après la cérémonie dans quelle bibliothèque je pourrai lire sa thèse de trois volumes, soit 634 pages. Réponse : "Désolé, c'est impossible : je dois d'abord demander l'autorisation au préfet de Guyane" !
Furieux d'une telle attitude de soumission aux autorités politiques alors que tout travail universitaire est de toute façon accessible aux autres universitaires, je trouve une ruse pour photocopier entièrement cette thèse le lendemain !
Mon propre travail universitaire remis en 2001 notait les références de 8 travaux de J.F. Orru entre  1997 et 2001, et j'écrivais pages 124 et 125 à quel point  les propos de cet étudiant en géographie me semblaient ignobles ! L'avenir montrera que mon jugement était le bon ! Voir la revue "Z" n° 12 spéciale Guyane, parue en 2018, page 40, où on apprend que Jean-François Orru est directeur des relations extérieures de CMO, ou "Compagnie minière Montagne d'or" et qu'il recevra avec une particulière brutalité l'équipe de la revue "Z" !
Pour le moment, les jeunes amérindiens regroupés au sein de "Jeunesse Autochtone de Guyane" (J.A.G.) restent très méfiant et soulignent que le président Macron repousse seulement à plus tard l'autorisation de ce projet de mine géante par ces mots : "le projet est suspendu en l'état". De plus, tout va dépendre, nous serine le gouvernement, des termes de la réforme du code minier, réforme annoncée pour fin 2019, mais ce délai maintes fois annoncé semble être... oublié !
Les jeunes amérindiens disent ironiquement que Macron prépare à la façon du WWF pour l'huile de palme écolo importée d'Indonésie ou de Malaisie, une nouvelle mine d'or "durable", probablement grâce à un brevet extraordinaire inventé par la "France-en-Marche" : la mine d'or fonctionnant au "mercure bio et au cyanure bio " !
A la façon de Bourdieu évoquant la sociologie comme étant un sport de combat, je pourrai parler de l'ethnologie en tant que sport de combat, puisque dans la lutte contre les mines d'or en Guyane, deux militants écolos ont été tué : Philippe Gros, sur le fleuve Approuague, et le fondateur en 1986 de la revue écolo "Le Pou d'Agouti-le journal qui dérange et qui démange", Christopher Wood, ancien skipper de la goélette "Golden Harvest" qui naviguait pour Green-Peace, mort à Saint Laurent du Maroni. Son voilier est devenu un restaurant ( "La Goélette") au bord du Maroni, non loin du village amérindien de langue arawak: le peuple Lokono, un peu en amont de Saint Laurent. En ce qui me concerne, après des années à enquêter sur les mines d'or, surtout dans le centre de la Guyane, afin de tenter de défendre les Amérindiens hélas envahis, j'ai été menacé de mort par les services de la D.G.S.E. à la préfecture en janvier 1995, puis jeté en prison en février 1995, et finalement condamné à 10 ans de prison en juin 1997 pendant les émeutes à Cayenne que le ministre François Bayrou viendra calmer en décidant de créer à Cayenne un rectorat, afin de ne plus dépendre d'un rectorat lointain basé en Martinique . J'ai été libéré en mai 2001, juste à temps pour enfin pouvoir rédiger mon travail universitaire en septembre 2001, car en prison, on me confisquait systématiquement tous mes livres au prétexte de "cellule trop encombrée", et malgré mes protestations, je fus pour ce "délit" jeté à trois reprises au mitard. Un site consacré à la défense des détenus : "ban public", raconte une partie de cette histoire = "L'état fançais (sic) jette en prison un anthropologue".
Thierry Sallantin
lauréat du Concours général des lycées de France, 1970, et boursier Zellidja 1971, grâce à cette bourse de voyage gagnée sur concours de l'Education Nationale, j'ai pu découvrir ce qui deviendra mon premier terrain d'apprenti ethnographe : séjour l'été 1971 dans un campement de touareg dans l'Azaouak au Niger, entre Agadès et le Mali. Et avec le prix du Concours Général, visite de 40 communautés de néo-ruraux dans les montagnes du sud de la France, l'été 1972, deuxième terrain, cette fois bien plus long, puis départ en Amazonie en 1986. Et depuis ma libération en mai 2001, tour de l'Europe avec le film de Philippe Lafaix : "La loi de la jungle, chronique d'une zone de non droit: la Guyane française", pour expliquer partout quelle est la désastreuse politique de la France dans sa partie amazonienne, une région ultra périphérique (R.U.P.) de l'Europe !
Combat continué maintenant avec les JAG, ces jeunes amérindiens de Guyane qui s'organisent pour dénoncer la reprise des méga-projets miniers en Guyane.449 675, 4  hectares sont actuellement concernés par des concessions accordées par l'Etat !
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