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Décroissance Ile de France
10 décembre 2018

Eloge ou malheur de la contradiction ?


Les derniers évènements nommés « mouvement des gilets jaunes » sont une occasion de questionner la relation entre la violence et la démocratie :

La démocratie : elle est beaucoup plus dynamique dans notre pays que nous ne le pensions, voir des gens du peuple se réunir, de façon autonome, et consacrer une part importante de leur temps à gérer un tel mouvement est la preuve à la fois d’une profonde misère, mais aussi que la démocratie n’est pas totalement morte dans notre pays, même si l’on a pu parfois entendre des propos classés à l’extrème-droite et que nous condamnons.


la violence : ce mouvement a été accompagné d’un déferlement d’actes caractérisés comme « violents », cependant ils nous encouragent à réfléchir à ce qu’est la « violence », sa place dans la démocratie. Nous aimerions tout d’abord établir une distinction entre « violence » caractérisée comme acte dirigé contre un autre individu et « luddisme » acte de destruction dirigé contre du matériel, et à l’origine des machines. En l’occurence, il y a bien eu de la violence à l’encontre des forces de l’ordre. Néanmoins, il n’y a eu que des bléssés à déplorer de leur côté et en terme de moyens, les forces étaient disproportionnées. Par contre, il y a eu beaucoup d’actes dirigés contre des symboles de cette France arrogante et qui « gagne », sur le dos des autres : vitrines d’enseignes célèbres saccagées, distributeurs de billets détruits, etc.. Enfin, force est de constater que seule « la violence paye », car c’est suite à ces actes les plus radicaux du samedi 1er décembre que le gouvernement a enfin commencé à céder et à écouter les demandes populaires. Il est inutile de rappeler combien ce système est violent et surtout que ceux qui commettent des actes violents le font en toute impunité par exemple : le comité permanent amiante qui a tout fait pour repousser l’interdiction de l’amiante qui a généré 100 000 victimes, les entrepreneurs qui ferment des entreprises du jour au lendemain uniquement parce que le taux de profit n’est pas aussi grand que les taux de rendement du marché l’exigent, les nucléocrates qui nous imposent une industrie extrèmement dangereuse, les 150 000 victimes des essais des bombes atomiques françaises, etc….les victimes de ces violences sont nombreuses, les responsables jamais inquiétés.


C’est une occasion pour réfléchir à la place de la violence dans l’histoire. Le bouddhisme ne condamne pas, car il ne condamne rien, mais il appelle à se méfier de sa colère et surtout il ne soutient pas la violence, néanmoins c’est grâce aux moines guerriers au Japon que les paysans ont été libérés du servage, ce qui devait déboucher sur l’émergence d’un bouddhisme zen aux intonations plus « militaires » que son « père », le bouddhisme tibétain.
Il existe des situations, où l’on doit prendre des risques pour la défense de la liberté et de la démocratie. Durant la seconde guerre mondiale une minorité de nos concitoyens ont accepté de les prendre et de se livrer à des actes violents contre l’occupant nazi et ses complices pétainistes. Le 8 Décembre, à l’occasion de la manifestation dite « acte IV » des gilets jaunes, le gouvernement, et tous les médias à la solde du MEDEF ont tout fait pour dissuader les Français d’aller manifester, au motif qu’ils risquaient de se trouver en bute à la violence. Or, à quelques exceptions près, il est toujours possible de se sauver quand les choses tournent mal, et surtout quand on arrive non-armé. Cependant, ils ont en partie réussi, car au lieu de 136 000 personnes comme le 1er Décembre, il n’y avait plus que 125 000 manifestants dans toute la France. Néanmoins, ils n’ont pas totalement réussi, et nous devons rendre hommage à ceux qui n’ont pas cédé devant la « stratégie de la peur » du gouvernement et des médias, aux milliers qui ont osé manifester contre la destruction du climat, manifestation qui s’est déroulée dans le calme et la bonne humeur, mais aussi aux milliers de « gilets jaunes », bref à ceux qui ont osé « prendre un risque ».


Oui, c’est une chose bien paradoxale que la démocratie, à la fois non-violente et violente, un vrai démocrate doit se présenter en tant que non-violent et respectueux de tous ses semblables, mais parfois ils doit accepter qu’il n’y a pas d’autres recours que de prendre des risques pour défendre la liberté, c’est à la fois le paradoxe et le malheur ontologique de la démocratie. Prendre des risques pouvant commencer par prendre la parole, ce à quoi beaucoup de gens, ont encore  du mal à se résoudre….

Jean-Luc Pasquinet

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